Prenez la pillule bleue...

La critique sociétale ne marche pas. Ce n'est pas faute d'essayer, à grands renforts de métaphores à peine voilées sur ce communautarisme (sectarisme de bourgade, pourrait-on même dire) auxquels sont confrontés les américains moyens de cette petite ville fictive abreuvée d'apparences, de drogues (tous des toxicos) et de qu'en dira-t-on. Ici, tout le monde fait croire aux voisins que tout va bien, grands sourires à pleines dents (blanchies au Colgate radioactif), grands bonjours qui se transforment en insultes une fois que les voisins sont suffisamment loin pour ne plus entendre. Tout n'est qu'hypocrisie et superficialité dans cette ville, et si l'on en reste à ce simple constat, Génération Rx fonctionne bien. Malheureusement, le scénario abracadabrant vient alourdir la critique au point qu'elle coule très vite, avec son kidnapping

, en pleine hystérie, sur une mise en scène et qualité d'image dignes d'un téléfilm... Ajoutez à cela des séquences qui font référence à un héros populaire chez les ados américains, The Chumscrubber (un homme qui combat ses ennemis en leur lançant sa tête) que l'on méconnait totalement en France. Le film préfère insérer des scènes fantastiques incompréhensibles et illisibles visuellement (jeu vidéo mal fait) en partant du principe que l'on connaît la légende du personnage (on tente de comprendre ce que ces scènes laides font là et qui est ce personnage, puis on craque et on cherche sur Internet ce qu'est cette histoire de Chumscrubber...). Le beau casting ne sert pas à grand chose (Glenn Close fait papier-peint, et Jamie Bell semble s'ennuyer autant que nous), le rythme est en dents de scie (entre hystérie et calme plat) et lorsqu'on a plongé dans la partie peu crédible et sous amphétamines du scénario, on n'en sort plus jusqu'au générique de fin. On ne croit pas à cette ville complètement hypocrite (tout le monde est taré), le portrait brossé est si caricatural et sans nuance que, finalement, la critique ne fonctionne pas.