Quand Tamara Drew a du mal à coexister avec une Emma Bovary new age

Un personnage féminin,français et romanesque peut-il se réincarner dans une femme anglaise,bien réelle? C'est la question qui hante ce boulanger esthète (un Fabrice Luchini sobre,rêveur et un peu tordu, qui s'en sort bien) tout au long du film. Les évènements qui touchent de près la vie de Gemma Bovery sont en effets confondants et pourraient faire d'elle un double de l'anti-héroïne Flaubertienne si ce n'est quelques bémols,désaccords. A mon sens, cette partition du film aurait fonctionné à merveille si Anne Fontaine n'avait justement pas choisi Gemma Arterton pour incarner la Bovary en puissance.En effet, l'actrice britannique reste attachée au personnage de Tamara Drew, film éponyme de Stephen Frears qui la révéla. Et notre réalisatrice cinéphile de surcroît ne peut s'empêcher de voir Gemma faire tourner la tête à ce petit village normand comme Tamara le faisait dans son petit microcosme entre Londres et la campagne anglaise.C'est une proximité trés gênante à vrai dire car le personnage fictionnel et la passionaria cinématographique sont deux archétypes aux antipodes.Pendant que Madame Bovary,femme effacée, fuit son mariage avec un amant,en souffre;Tamara,femme "célibataire" dynamique, les collectionne et n'a presque pas d' états d'âme.Bien sûr, Gemma Arterton oscille malgré elle entre ces deux femmes, ce qui lui donne une double identité regrettable.
Les apports du film sont donc à rechercher dans ses seconds rôles (notamment Elsa Zylberstein,bourgeoise puante à souhait), dans les monologues du boulanger avec son chien (où Luchini est savoureux) et dans les dialogues "hors-contexte Bovary".Je pense qu'Anne Fontaine aurait pu faire un meilleur film (même s'il est après tout bien interprété) en évitant le cousinage dramatique et en y insufflant un peu plus de fantaisie.Attention,il ne s'agit pas d'un ratage complet mais d'une micro déception.
Specliseur
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le 14 sept. 2014

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