Juin 1980.
L’alpiniste Reinhold Messner et son acolyte Hans Kammerlander se préparent pour l’ascension de deux sommets, le Gasherbrum I et le Gasherbrum II, tous deux situés à plus de 8 000 mètres d’altitude. Le tout en une seule expédition et sans apport d’oxygène. Une première. Les deux hommes partent de Skardu, la dernière ville au nord du Pakistan, où ils sélectionnent leurs porteurs parmi la population locale. Ils continuent en Jeep jusqu’à ce que ce ne soit plus possible, puis commence une marche de 150 km jusqu’au campement de base, à 5 200 mètres d’altitude.

Herzog ne livre pas un documentaire touristique centré sur des paysages étrangers ni un film sur l’alpinisme. Ce qui l’intéresse ce sont les deux hommes en question et leurs motivations, la raison pour laquelle ils s’embraquent dans ce défi insensé et ce qui les poussent à aller toujours plus loin, à repousser sans cesse leur limites. L’ascension en tant que tel n’est d’ailleurs pas filmée, excepté quelques images prisent par les alpinistes eux-mêmes. On suit donc la préparation puis le retour après l’ascension, entrecoupée de témoignages sous formes de questions/réponses, face à la caméra.

C’est également un condensé d’une quarantaine de minute du cinéma du réalisateur.
1. Par la manière dont c’est filmé.
Un gros plan sur un court d’eau animé, une vue aérienne des hommes qui fendent la montagne, les locaux en file indienne portant des charges énormes … de nombreux plans rappellent ses films précédents, notamment Aguirre et Fitzcaraldo, eux aussi tournés au cœur d’une nature exotique inhospitalière.
2. Par les thèmes abordés.
Les motivations de l’homme qui le poussent à repousser ses limites mais aussi les rapports dominants/dominés entre les occidentaux et les habitants locaux. Les rites et les gestes des habitants locaux, que ça soit dans la prière, leur façon de cuisiner ou pendant une séance de massage géniale, sont également placés au cœur du reportage.
3. Par les convictions qui l’anime.
Messner est un alpiniste qui a des convictions et qui affronte la montagne dans « les règles de l’art », uniquement équipé de son sac à dos. Ce n’est pas un hasard si Herzog qui conduit ses équipes au cœur de la forêt amazonienne et fait réellement passer un énorme bateau à vapeur au-dessus d’une montagne pour les besoins d’un film le suit lui plutôt qu’un autre. Les témoignages de l’alpiniste au retour de ces deux ascensions confirment ainsi le partage d’une vision commune avec le réalisateur.

Passionnant.
Clode
8
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le 12 janv. 2015

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Clode

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