J'ai hésité entre la phrase de Plaute "Homo homini lupus est" et un titre plus taquin : du genre, "devenez végétaliens, vous serez moins violent".

Bon, bon, bon, petit film sympa qui a certes quelques failles scénaristiques, mais dans l'ensemble assez sympa.


Les personnages :

Je me suis attaché aux personnages et à la quête d'indépendance du fils. Le fils est incarné par Nicolas Pustier -que je ne connaissais pas. Il a une voix assez posée dans le film, calme, mais énergique et qui recadre le spectateur autant que les autres protagonistes. On sent ce chef de meute aux contrôles. D'ailleurs, il dégage une sorte de sentiment de contrôle fort, mais avec de la bienveillance. C'est un homme riche, avec une bonne situation et une belle femme. Ça m'a fait à la notion de capitalisme financier et sexuel de Michel Houellebecq dans L'extension du domaine de la lutte. Et dans son personnage d'homme fort, il incarne ce shérif qui protège la population et qui forme les jeunes jusqu'au drame, car ses valeurs et son impression de contrôle se brisent lorsqu'il est confronté à un loup plus fort, un autre alpha qui a d'autres armes. Le personnage vit dans une bulle puisqu'il a été créé par son père, c'est même son père qui l'envoie régler les problèmes.


Julia Piaton est une très belle femme, mais ça ne se limite pas là. Elle incarne l'électron qui veut sortir du noyau. Elle est peu présente à l'écran, mais impose également -sur un registre plus doux- par sa voix. Catherine Davenier et Patrick Rocca évitent certains clichés auxquels on aurait pu s'attendre. Au final, un petit casting assez inconnu, mais qui arrivent à créer cette alchimie dans le film.


Le film :

Bon dans l'ensemble, ça passe. On est dans une société post-primitive, mais qui a gardé des valeurs ancestrales de protection, devoir et entretien du corps. Vraiment intéressant de voir ces hommes, affranchis de la nature mais qui ont recréé leur cercle masculin autour du sport, de l'argent, de l'alcool, de la boxe, etc.


On a quelques références naturalistes (l'eau, j'en reparle en dessous) qui viennent contrecarrer cette notion de maîtrise de la nature et pourtant, dans leurs actions, ces hommes restent des loups pour les autres hommes (d'où mon titre). Il y a quelques failles scénaristiques sur l'enchaînement de cette violence et de la première scène de confrontation avec les ouvriers qui part directement en violence. Ça aurait pu être mieux développé.


Les petits passages oniriques sont très beaux avec ce côté enfant-intérieur / adulte "tué" par son père. L'eau est également omniprésente, elle va partout, elle s'insère, ne peut être freinée. Et cette eau apporte une douceur à un film plein de testostérone et assez violent. D'ailleurs, le film commence sur un rapport sexuel et s'enchaîne sur une séance de CrossFit. Les moments de pêche sont des moments relativement calmes et lents, on suit la traversée dans l'eau, la moulinette de la canne à pêche. Et ça a un côté apaisant. En contraste avec ce côté apaisant de l'eau, il y a une musique mezzo forte et crescendo à base de violoncelles, violons, cordes qui ajoutent un côté "angoissant" à ce film déjà rapide.


Il y a beaucoup de cynisme sur le métier de commercial, sur le fait de vendre, de trouver des clients et de faire du chiffre. Au final, tout est vendable et tous les techniques sont bonnes.


Peut-être 2-3 choses pas forcément crédibles sur l'implication d'un officier (ou d'un sous-off) de la gendarmerie dans un passage à tabac dans un bar, devant témoins.


Les paysages :

Seulement aquatique, mais très beaux.


La fin :

Une fin assez décevante par contre. Tout est bien qui finit bien. Sauf pour certains personnages, mais dans l'ensemble, même s'il y a des évolutions, le protagoniste s'en sort. On a ce procédé ellipse que je n'aime pas, le fameux " quelques mois plus tard " qui permet de sauter certaines péripéties jugées non utiles par le réalisateur, mais qui au final laissent des questions en suspens (par exemple, l'implication de la justice, il y a quand même des histoires de meurtres).


Bref, c'était sympa, je me suis laissé regarder le film comme le courant d'eau dedans. Pas déçu.


SB44
7
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Créée

le 16 févr. 2024

Critique lue 231 fois

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