Il est difficile de s'attaquer à un mythe. C'est d'autant plus difficile lorsqu'il s'agit de faire un film sur un personnage qui a été ultra-médiatique, qui a de plus été l'un des premiers à ouvrir son intérieur et à garder d'importantes archives personnelles et audio-visuelles.

On a tous en tête des images de Gainsbourg, plus précisément de Gainsbarre, quand il a occupé nos petits écrans. C'est cet obstacle que Sfar a eu le plus de mal à contourner, car le début du film est très bon.
L'idée des doubles animés qui s'intègrent à la vie de Gainsbourg enjolive le récit, évite le côté gnagnan d'un certain nombre de biopics, et permet des moments de poésie pure (la scène où le double traine de force Gainsbourg chez Gréco).
Tout le début du film, centré sur la période "Gainsbourg peintre" bénéficie du savoir faire de dessinateur de Sfar (je précise que je ne suis pas trop fan de ses BD). Le réalisateur a une marge de manœuvre quasiment totale (Gainsbourg a brulé tous ses tableaux) et en profite avec brio.

Le film souffre de quelques maladresses, comme les évitables flashback sur l'enfance de Gainsbourg (déjà largement traitée au début du film), des trucages qui piquent les yeux (sachez que la plus belle vue sur Paris est celle de la chambre de Serge).

La fin du film (à partir du moment où il rencontre Birkin) est la moins réussie : Sfar s'autorise moins de fantaisie et on a affaire au remake moyen de nombre d'apparition télévisuelles célèbres. Il reste quelques fulgurances comme la scène d'écoute de "Je t'aime..." chez le producteur.

Un mot sur le casting : Sfar ne semble pas savoir diriger des acteurs, et les prestations sont inégales. Le césar est mérité pour un Elmosino qui investi pleinement son personnage. Casta, Forestier, Chabrol, Yolande Moreau, Katerine, font des apparitions plus ou moins longues mais toujours réussies.
En revanche, les personnages joués par Anna Mougalis, Razvan Vasilescu et Lucy Gordon sont nettement moins crédibles.

Pas de quoi gâcher le film, qui reste recommandable à tous ceux qui aiment l'œuvre de l'homme à la tête de chou.
Minostel
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le 28 avr. 2011

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