"You're the secret gay. But you're not even that fabulous."

Petit résumé tout d'abord (avec spoil, mais le scénario ne peut de toute façon surprendre personne) :

Tanner, jeune gay soit disant geek mais qu'on ne voit jamais ouvrir le moindre comic, mène tranquillement sa vie avec son pote gay Brent, qui joue le rôle du cliché (vêtements moulants, musique pop, SWAG écrit en gros dans sa chambre etc...). Tous deux sont encore dans le placard mais Brent veut en sortir pour devenir populaire. En effet la dernière tendance n'est pas le bonnet en cachemire mais le G.B.F. : gay best friend (la comparaison vient vraiment du film). Toutes les filles populaires sont donc à la recherche de cet ami gay si rare et se mènent une féroce concurrence. Mais c'est finalement la présidente de l'asso gay du lycée (qui ne compte aucun membre ouvertement homosexuel, d'où l'intérêt qu'elle porte à la chasse au gay), un personnage présenté comme militant mais en réalité odieux et égocentrique, qui va révéler l'homosexualité de Tanner bien malgré lui, au moyen d'un faux compte sur une appli de type Grindr. Après des péripéties riches en originalité telles qu'une séance de relooking pour le petit geek ou l'homosexualité refoulée du petit ami ami mormon d'une des filles, le sempiternel et inévitable bal de promo arrive, notre geek est sacré roi et une des pétasses du lycée est, entretemps devenus son amie (on a découvert qu'elle était douée en chimie car elle mélange des shampoings chez elles pour entretenir sa chevelure...), est sacrée reine et tout le monde est heureux.

Oui, certes, c'est un teen movie, et ce genre de film joue sur les clichés. Mais un cliché qui n'est pas dénoncé comme tel est purement et simplement discriminant, homophobe en l’occurrence. Les différents personnages font rarement cette démarche, et lorsqu'ils la font, c'est de façon totalement anecdotique et en enchainant tout de suite sur un stéréotype encore plus gros. Le personnage principal se fait "outer" en public ? Pas grave. Ses nouvelles amies enchainent les remarques stupides et ouvertement homophobes ? Pas grave. Les quelques homosexuels du films sont mis au même rang que des accessoires de mode ? Pas grave. Tout juste le personnage principal, dans un discours mou et banal, proteste-t-il contre la catégorisation systématique dont il est victime...

Ce film est parodique me direz-vous. Dans la vraie vie, personne ne se comporterait comme ça me direz-vous. Et pourquoi pas ? Ce film a la même tare que la plupart des sitcom américaines en terme de sexisme : on cherche à faire passer des propos sexiste ou homophobes pour de simples punchlines inoffensives, prononcées par des personnages "gentils". Sauf que cela ne fait que renforcer des stéréotypes dégradants et pénibles pour ceux qui les subissent, car les personnages des sitcom de types Friends ou HIMYM, ou ceux de films comme G.B.F. ont vocation à servir de modèles.

Vous l'aurez compris, G.B.F., en plus d'être médiocre, est d'une tolérance douteuse. Ne soyez donc pas complices de ce genre de cinéma, évitez ce film.