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Stanley Kubrick c'est BHL. Parler du film "Full Metal Jacket", c'est l'occasion de mettre en discussion le rapport de Kubrick à la guerre 🪖🪖.


Parce que voilà, moi Kubrick j'aime bien, "Full Metal Jacket" est un film que j'adore et qui a su me retourner le bide adolescent. Mais il faut admettre que le réalisateur prétend "Montrer la Guerre sans l'Aimer", et sous pretexte de mettre en scène les horreurs les horreurs humaines des conflits armés, c'est encore et toujours une quête de la belle image à laquelle le spectateur assiste.


  • Le travelling latéral des "Sentiers de la Gloire"
  • Les champignon atomiques ou les bombardiers sur « We ‘ll Meet Again » de Vera Lynn dans "Docteur Folamour"
  • Les masses structurées dans les tableaux de "Barry Lyndon"…

La Guerre sans l'Aimer ?


Assumons. Kubrick, s'il ne l'assume pas, est un cinéaste qui aime la Guerre.

Il l'aime pour une raison simple, elle lui permet de faire, si ce n'est de belles images, des images chocs et des chocs d'image chez le spectateur.


Le ballet aérien de "Docteur Stranglelove" tout comme les ralentis de "Full Metal Jacket" restent dans nos têtes et nos esprits comme un clip de Michel Gondry.


Rappelons que Stanley Kubrick vient de la photographie. Et il me semble qu'il reste de ces origines un objectif simple pour ne pas dire simpliste :

  • Faire l'image qui claque
  • Celle qui pourra se vendre
  • Celle qui marquera les esprits

Et si Kubrick n'aime pas seulement la guerre mais aussi l'ordre, c'est peut être justement parce que la guerre permet de rendre visible la grandiloquence de l'ordre et la puissance d'une situation extrême.


Plutôt que la guerre elle-même, c'est les groupes de petits soldats bien ordonnés qui plaisent à l'œil dans Barry Lyndon, La déconstruction et la reconstruction des bidasses dans Full Metal Jacket, le contraste entre des machines de guerre volantes et un ballet dans "Docteur Strangelove".


Kubrick fait de grands films mais dans une petite boite repliée sur elle-même. Une boite où tout est contrôlé, millimétré répété.


Et au final, si on attend du cinéaste qu'à chaque film il transcende le genre dans lequel il s'inscrit, si on lui prête une intelligence surhumaine qui rendrait inaccessible à nos petits esprits la complexité de ses images, la vérité c'est que les idées véhiculées dans ses films et dans ce film, sont plutôt simplettes.


  • 1. La guerre c'est pas bien.
  • 2. Ca détruit des gens innocents
  • 3. Ca transforme des victimes innocentes en combattants cruels
  • 4. Avec la machinerie de l'embrigadement on peut rendre mécanique un humain
  • 5. Le Soft Power et l'infantilisme occidental par le divertissement sont un carburant pour la machinerie d'embrigadement.

Comédie Musicale


Mais c'est joliment fait.

Le Full Metal Jacket du film c'est l'enrobage de la balle, sa cuirasse. C'est aussi cette manière d'effeuiller les jeunes garçon (on commence le film par les mettre tous nus et leur couper les cheveux) pour ensuite leur tanner le cuir et faire pousser une carapace qui étouffera les âmes en même temps qu'elle protégera (inefficacement) leurs organes.


Cette capacité du corps militaire à démonter et remonter les humains est strictement la même que celle des soldats à faire de même avec leur arme.


Et là on touche un truc intéressant : dans "Full Metal Jacket", la métaphore est littérale et formulée : le fusil c'est la femme du soldat dans un Monde de frustration sexuelle perpétuelle. On doit aimer son fusil. Toute la perversité montrée dans le film est là : on aime ce qui tue et nous tue.

  • Le soldate aime son fusil
  • L'armée aime ses soldats
  • Kubrick aime l'armée. La guerre.

Rien qu'en formulant la chose ainsi la posture de toute puissance de Kubrick saute aux yeux. Ce n'est pas un cinéaste qui va aller dans le Réel pour le filmer. Il n'est ni avec nous, ni avec ses personnages. Il n'est même plus avec ses frères humains. Le gars est au-dessus à pérorer tel un oracle ou un prof de philo.


"Full Metal Jacket" a quelque chose de la comédie musicale. Il y est question de réussir à marcher ensemble, à s'ordonner, à réussir à faire corps. Malgré le mal que l'on se fait.


Kubrick aime les marches militaires au premier degré. Il le sait. Nous faisons semblant de ne pas le savoir en cachant nos yeux grands fermés avec la soi-disant complexité et l'éblouissement philosophique d'une œuvre trop grande pour nous.


Je ne peux pas finir sans louer les 3 derniers plans qui résonnent en moi depuis cette journée de 1998, la puissance de son rythme ni la structure élégante et efficace du film en 2 parties.

Je me méfie de ce dont est fait le cinéma de Stanley Kubrick. Mais j'aime ce qu'il me fait.


================

Filmo de Stanley Kubrick

Dlra_Haou
9
Écrit par

Créée

le 22 janv. 2024

Modifiée

le 29 janv. 2024

Critique lue 8 fois

Martin ROMERIO

Écrit par

Critique lue 8 fois

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