Basket Case, c’est de la bonne grosse bande d’exploitation des 70s, de celles qui étaient diffusées dans les Grindhouse, ces salles de cinéma spécialisées en série B. Le genre de film dont la production laisse espérer un spectacle au mieux sympathique mais baigné de ridicule non-assumé. En bref, un nanar en puissance. Sauf que voilà, les clichés ont beau avoir la vie dure, il se trouve qu’en plus d’être un metteur en scène généreux et foutraque, Frank Henenlotter (Elmer le remue-méninges, Frankenhooker) est aussi — comme son nom semble nous l’indiquer — un auteur.
Chez Henenlotter, le monstre est toujours un personnage à part entière. Bien qu'on est tendance à le réduire à son physique disgracieux, Belial nous est dépeint comme un grand amateur de films de kung-fu et de hamburgers. Ces petits moments d’échange entre lui et son frère permettent aux spectateurs d’en apprendre davantage sur leur histoire de famille, leurs souffrances, leurs frustrations (notamment sexuelles) et ainsi de développer une véritable empathie pour ce duo atypique. Dès lors, les scènes de vengeances voient leur impact décuplé. Ces segments sont excessivement sanguinolents, mais totalement supportables du fait des effets spéciaux un peu cheap. Car oui, il y a beaucoup de système D dans Basket Case et c'est pour ça qu'on l'aime. On y trouve notamment une scène d’animation en stop-motion un brin rigide mais qui prouve, une fois de plus, que rien n'arrête ce bon vieux Henenlotter ! La générosité visuelle est là et la qualité d’écriture également. Le cinéaste parvient à faire naître des sentiments entre un acteur de chair et d’os et une créature en plastique et rend tangible la relation déchirante qui lie les deux personnages. Chapeau au comédien Kevin Van Hentenryck, interprète de Duane, dont la composition donne indéniablement corps à ce drame familial (oui, oui, c'en est un).
En bref, Basket Case est dégueulasse mais tellement jouissif. C’est du théâtre de grand-guignol passé à la moulinette de la scène off de Broadway, la rencontre improbable entre la tragédie intimiste et le gros gore qui tâche. Vous pouvez également jeter un œil aux deux suites (moins bien réussies) dans lesquels notre boule de chair préférée aura une autre idée en tête : fonder une famille (et aucune scène n'est censurée). Alors, vous êtes preneur ?