Found
6.3
Found

Film de Scott Schirmer (2012)

Inutile de tergiverser, Found est un film malsain, complètement amoral car souhaitant filmer des parcours psychologiques qui sont déviants à la base (en fait, l’explication de la psychopathie du grand frère est assez décevante tant elle semble simple et expéditive). Et pour entretenir son statut de film choc, il se livre à quelques scènes graphiques, cheap mais tellement dégueu que l’effet se révèle payant. Des vraies baffes de violence, le dernier plan du film étant de loin le plus perturbant (dénouement d’ailleurs un tantinet frustrant, car n’offrant aucune conclusion ni réelle ouverture). Mais si son approche très choc de la folie meurtrière laissera des séquelles (on flirte avec le -18 ans), c’est le soin du caractère des personnages qui fait de Found un essai original. Certains spectateurs évoquent un style à la Terrence Malick, et effectivement nous n’en sommes pas loin, dans la proximité sentimentale qui lie le spectateur à Marty. Pour la fraîcheur de ses portraits et leur efficacité, le film gagne immédiatement des points, qui font oublier le côté très camescope HD du film. Cernant les préoccupations de Marty, principalement sous l’angle de la réponse à donner aux brimades qu’il reçoit chaque jour au primaire, le film cerne parfaitement un adolescent confronté à l’agressivité du monde extérieur, et au climat familial l’invitant à se replier sur lui-même. Ainsi, subtilement, le film explique les causes de la passion précoce de Marty pour l’horreur au cinéma, en soulignant un contexte de tensions et d’angoisses, que Marty gère à sa façon. En psychopathe domestiqué en somme, puisqu’il évacue ses colères dans les comics violents qu’il dessine régulièrement, que son seul ami dévore de curiosité macabre. Le film se focalise bientôt sur la relation entre Marty et son grand frère Steve, après la glauque découverte dans le fond du placard. Intelligemment, le film amorce donc le rapprochement de Steve et de Marty alors que les relations parentales sont de plus en plus tendues. Rapprochement par génération donc, et aussi par les façons de tenir tête au monde. Steve invite donc Marty à aller sur la voie de la réponse frontale aux violences qu’il subit. En cela, le film se révèle assez fin, cernant le « décalage » entre le monde des adultes et celui des enfants qu’ils sont sensés encadrer, et dont ils semblent ignorer la violence des rapports. Si une bonne part du film se focalise sur l’univers de Marty et ses doutes sur la nature psychopathique de son frère, la partie la plus frontale avec ce problème du degré de violence à appliquer se trouve au début du dernier tiers du film, avec la première manifestation de violence de Marty. Des mécanismes de réaction des parents à celles des enfants, l’épisode est exemplaire. Si le film n’ouvre sur rien de particulier, son approche très intimiste de la passion pour les bandes horrifiques et l’auto discipline de la violence, et initialement sur la relation entre un petit frère et son aîné psychopathe, touche juste, parvenant à faire apprécier ce personnage mystérieux, absent pendant la plupart du film. On comprendrait presque le frérot psychopathe si l’explication qu’il donne à sa folie n’était pas aussi… rudimentaire. Malgré quelques défauts, found marque durablement les esprits, à la fois pour la sincérité des sentiments qu’il aborde et le choc qui utilise efficacement ses maigres atouts (étonnant qu’aucun autre film choc à petit budget n’ait essayé le coup du tueur nu couvert de sang en érection avant). Un solide morceau de pellicule qui a des arguments payants.
Voracinéphile
8
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le 28 oct. 2013

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Voracinéphile

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