Réalisé en 1958 par Joseph M. Newman, Fort Massacre est un de ces westerns de légende réactualisés régulièrement par les éditions Sidonis. L’histoire d’une poignée de soldats embarqués en territoire apache par un officier ivre de vengeance. L’occasion de retrouver Joël McCrea, une des grandes figures du western dans un film au scénario surprenant et à la réalisation originale.


Patrouille perdue
Une patrouille décimée d’une douzaine de soldats erre en territoire apache. En l’absence du capitaine, tué dans une escarmouche, c’est un simple sergent qui reprend le commandement. Sauf que ce dernier, obsédé par la mort de sa femme et de ses enfants, n’a qu’une idée en tête : se venger. Le cadre, magnifiquement austère, est celui de l’ouest américain. La photographie de Carl E. Gutrie et le format scope servent au mieux ces grands espaces. Il y a du John Ford dans ce film : les décors naturels, la cavalerie (la Patrouille perdue, Rio Grande) et un personnage porté par la haine (La Prisonnière du Désert).


Tension psychologique
Le scénario signé Martin Goldsmith met en jeu les tensions qui s’installent progressivement entre l’officier et ses hommes. Des soldats qui prennent peu à peu conscience de la trajectoire suicidaire dans laquelle leur supérieur de circonstance les entraine. D’excellents acteurs (John Russell, Forest Tucker) portés par des dialogues inspirés donnent de l’épaisseur à cette confrontation. Quant à Joël McCrea, utilisé ici à contre-emploi, il trouve l’un de ses meilleurs rôles. Il campe un homme hanté par le passé, déchiré entre son désir de vengeance et la culpabilité de voir ses hommes périr par sa faute. Les montres de ces derniers, qu’il conserve et remonte régulièrement comme des cœurs encore battants sont une des images les plus marquantes de ce western très sombre.


Western noir
Le titre évoque un massacre, le film en comporte en fait plusieurs. Celui, hors-champ, de la famille du sergent auquel répond une tuerie perpétrée par les soldats eux-mêmes. De fait, le scénario se caractérise par un pessimisme radical. Indiens et Blancs se tuent sans pitié, soldats et officiers s’enferrent dans la défiance et même hommes et femmes (l’Indienne jouée par Susan Cabot) ne réussissent pas à se comprendre. Une noirceur qui préfigure le western crépusculaire des années 70, celui de Peckinpah notamment. Un bon western.


7.5/10


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Theloma
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le 8 janv. 2022

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