Une petite ville de Californie s'apprête à fêter les 100 ans de sa fondation. Mais des événements étranges se passent la veille entre minuit et une heure. Les antivols des voitures se déclenchent, un bateau passant au large n'est retrouvé que le lendemain avec un équipage noyé sans être tombé à la mer. Le pasteur tombe sur un carnet relatant les souvenirs de son ancêtre. 100 ans plus tôt, un bateau était censé amener une colonie de lépreux près de la ville, mais les habitants naufragèrent le bateau en l'attirant sur les récifs via un fanal, et prirent l'or des lépreux. Le vaisseau fantôme revient se venger dans une nappe de brouillard phosporescent. Le pasteur retrouve la croix en or et la donne à Blake, le fantôme du chef des lépreux. Le brouillard disparaît brusquement. Mais pour combien de temps ?
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Du pasteur qui a la tête de Poe aux phrases lovecraftiennes que distille Adrienne Barbeau dans sa conclusion, les influences fantastiques donnent à ce film un petit cachet littéraire qui comble un peu son manque de densité. Reste une atmosphère vraiment étrange, celle d'une petite ville de mer bercée la nuit tombée par la radio locale qui émet depuis le phare des standards du jazz années 40. Beaucoup de plans fixes avec des objets, de cadrages angoissants. Mais aussi, et on ne le dit pas assez, de fort beaux extérieurs de bord de mer, qui donnent au film une grande partie de son charme. La séquence où Adrienne Barbeau va au phare en voiture le long de la route en lacets, avec une lumière automnale, a quelque chose d'un Hitchcock, et les nombreux plans du début montrant des gens inquiets le nez à la fenêtre ont quelque chose d'une illustration XIXe pour un roman de Daphné du Maurier. J'aime aussi beaucoup la séquence où Barbeau est sur le toît rond du phare, cernée par deux zombis. Quant à la musique, si les sons synthés sont parfois un peu téléphonés, j'aime énormément la partition au piano, atmosphérique. Il est rare que le piano soit aussi bien utilisé au cinéma pour coller à une ambiance.
Un chouette film, auquel il ne manque qu'un peu d'épaisseur pour se dégager de l'étiquette de B-movie qui lui colle à la peau.