Fleurs de papier
6.9
Fleurs de papier

Film de Guru Dutt (1959)

Célèbre film pour avoir été le dernier réalisé par Guru Dutt et dont la mise en scène abîme trouvait une résonnance funeste puisque ce que son personnage traverse, il le traversera lui-même après la sortie du film qui fut un cuisant échec. Ainsi Guru Dutt lui-même (qui avait eu aussi une liaison avec sa comédienne) trouva sa carrière brisée et sombra dans l'alcoolisme et la dépression et connut ainsi une fin prématurée.
Quand on sait ça en rentrant dans la salle, la vision du film n'en devient que plus troublante par sa dimension prophétique.


J'ai presque envie de dire que ça permet de donner plus de profondeur à un film ambitieux et passionnant sur le papier mais inégal et frustrant lors de sa découverte. Est-ce que Dutt a eu trop peur par la noirceur du scénario ou est-ce qu'il rajouté plusieurs séquences après des premières projections tests houleuses mais toujours est-il que le film est souvent brisé par son élan par des intermèdes humoristiques et/ou musicaux complétement hors sujets (une nouvelle fois reposant sur Johnny Walker). Si ces séquences auraient été situées au début du film, cela n'aurait eu que peu d'impact mais placer dans le dernier tiers du film, ça m'a fait complétement sortir de la dramaturgie et de la déchirure injuste subie duo principal alors qu'il aurait (idéalement) fallut s'attarder sur eux et leur frustration (ou sur la culpabilité de la fille du cinéaste). Dans le même ordre des idées, le rejet méprisant de la belle-famille pour le monde du spectacle est balancé bien trop brutalement et sans explication pour que les "méchants" soient crédibles. Tous ses moments n'échappent ainsi donc pas à de pure formules mélodramatiques manichéennes et sans relief.


Je n'ai pu être embarqué dans le film qu'épisodiquement, principalement lors du début et de la fin. C'est d'autant plus frustrant que dans ses moments le film est formidable avec une réalisation ample, une belle appréhension de l'espace, de la lumière, de l'architecture... : le studio vide, le couple séparée par une foule en liesse en haut d'un escalier, une ruelle reconstituée en studio, le chantage des producteurs pour ramener le cinéaste déchu sur les plateaux, les retrouvailles dans une sordide mansarde. On trouve dans ces moments la beauté de l'Assoiffée (sans pour autant égaler son lyrisme).

anthonyplu
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le 1 févr. 2017

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