Fire of Love par PCollege

Comment débriefer un documentaire ? Comment faire l'analyse de ce qui est déjà une analyse finalement, un résumé de la vie de Katia et Maurice Krafft et de leur passion.

On pourrait déjà commencer par dire que les volcans sont le vrai troisième protagoniste de ce film, tant on les voit quasi plus que le couple Kraft. Ils font partie intégrante de ce documentaire, donnant contexte et matière à la passion de ces deux personnes fort singulières.

Cela commence assez vite sur leur rencontre, dont le mystère ajoute beaucoup à la beauté et à la force de ce que leur vie aura dégagé. Comme si le hasard, qu'aucune trace existante raconte leur rencontre, avait écrit à merveille un scénario. Puis au bout d'un tiers du film, on se demande bien comment cela va bien pouvoir nous tenir en haleine jusqu'au bout. Et puis on apprend à les connaître, petit à petit, on comprend leur passion commune, ce qui les pousse et les unit, absolument minuscules et fragiles face à la force de destruction gigantesque de ces volcans qui les fascinent, et on est pris dans le rythme.

Et toute la réussite est la, de longs moments contemplatifs, d'images vintage tournées par le couple lui-même, dans une superbe qualité, et dont les cadrages contrastés entre les protagonistes et les éruptions gigantesques donnent une vraie impression de la fragilité de l'humain face aux manifestations de sa terre natale.

Face également à des animations plus modernes (et réussies) qui donnent de la variété visuelle, la musique et la bande-son sont disséminées avec efficacité pour accompagner les différentes expériences que vivent les Krafft.

Nous alternons des images minérales statiques avec d'autres en mouvement, d'éruptions et de coulées de lave, comme un paradoxe qui raconte silencieusement le cycle de la vie minérale terrienne.

Une fois compris que leur travail aurait pu éviter la catastrophe en Indonésie en 1985, on sent venir le moment fatidique, et non pas par accident, ou parce que Maurice aurait été plus imprudent que d'habitude, non, parce que c'est le moment. La encore, peu d'images, peu de témoignages, leur fin arrive aussi silencieusement que leur rencontre, comme si c'est uniquement la complétion que formait leur couple qui comptait, peu importe son début, peu importe sa fin.

Ils auront marqué l'humanité par leur travail et leur passion, mués par l'amour qui les unissait, déjà témoins de ce tempo d'un monde, dont la marche en avant capitaliste de sa civilisation ne prenait plus compte.

Sans ce film, je me serais vraiment demandé comment j'aurais trouvé captivant un biopic sur un couple de vulcanologues, et bien il suffisait de le réaliser comme l'a fait Sara Dosa, avec un équilibre parfait de contemplation et de beauté. Bravo !