La Rentrée des classes !

Voilà le genre de film que j'aurais bien voulu kiffer. Oui, j'aime bien les réalisateurs qui tentent une approche différente de la vie, avec un ton décalé, des personnages décalés incapables de normalité. En plus, cela a été en très grande partie tourné dans le département des Côtes-d'Armor, dont je suis originaire, donc raison d'ordre purement sentimental pour que j'y adhère. Donc un ton décalé dans des paysages costarmoricains, j'étais prêt à signer tout de suite.

Autrement, les acteurs sont très bons. Quand leurs personnages débitent leurs mensonges, on se demande si ce n'est pas réel tellement ils sont criants de vérité. L'apparition d'Orelsan, sortie de nulle part, en cosmonaute (ce n'est pas russe un cosmonaute, normalement ?) ne manque pas de marquer. Mais voilà, des personnages décalés dans un univers décalé, tout cela ne constitue jamais une excuse pour passer à côté d'une psychologie et d'une histoire cohérentes.

C'est bien joli de vouloir s'étendre longuement, d'une manière très tape-à-l’œil, pour prouver par a + b qu'il suffit d'un tout petit détail ou d'une petite décision apparaissant sans conséquence pour qu'un changement radical de destin ait lieu, mais ce n'est pas une raison pour mettre de côté l'évolution des personnages et de l'histoire pendant ce temps-là.

Le fait que la jeune fille du couple doit être présente à la rentrée des classes, pour avoir un semblant de normalité dans sa vie, n'est jamais bien mis en exergue. Cet aspect-là est bâclé alors que selon moi c'est important symboliquement. Le réalisateur-scénariste Bruno Merle n'a l'air d'y penser vraiment que dans les dernières minutes, laissant presque croire que ce n'est qu'une chose ayant peu d'intérêt.

Et on ne voit pas les personnages évoluer d'un iota ou, du moins, ce n'est jamais bien souligné. Ah si, celui joué par Pio Marmaï passe invraisemblablement du type cool, sur lequel les réalités de la vie semble sans conséquence, à un être colérique incontrôlable. Bonjour la crédibilité.

C'est un film qui peut, de par ses quelques petits trucs intéressants, de temps en temps dégager son petit charme, mais dont l'écriture est trop dénuée de rigueur pour aller bien au-delà de cela, qui finalement ne raconte pas grand-chose, pour ne pas dire presque rien.