Feast
5.9
Feast

Film de John Gulager (2007)

Revoir Feast après toutes ces années (je l'avais découvert à sa sortie en 2007) a un petit goût bizarre, car si à l'époque, John Gulager était un inconnu notoire, il a clairement depuis révélé au grand jour la nature de son cinéma. Avec Feast II et Feast III, ses deux suites en surenchère constante de vannes scatos, sexuelles à grand renforts d'immoralités (meurtres gratuits d'enfants, sadismes et carnage bien complaisant associés à l'humour gras qui cherche la complicité du public...), mais surtout avec Piranha 3DD, qui doit être une des pires suites de la décennie (pour rappel, on y voyait un mexicain se masturber dans les filtres d'une piscine, des lolos à la louche en 3D, une bite coupée et David Asseyloff qui tentait de nous faire rire en laissant des gens mourir pendant que Ving Rhames repompait Planète terreur). On donnait dans la régression premier degré où le trash se répandait clairement dans la déviance paraphile à base de sperme vomi caca. Et c'est exactement ce qui transparaît dans Feast. Les créatures violent régulièrement les corps de leurs victimes, une bite coupée qui éjacule à répétition, du vomi, de l'humour trashouille... Alors qu'est-ce qui fait que personne ne s'est rendu compte de la supercherie, et que ce film continue de fonctionner malgré les déviances évidentes de son auteur ? Essentiellement deux petites choses, qui font toute la différence : les personnages et la relative générosité. Malgré la lourdeur du procédé d'introduction (piqué à Snatch), les personnages dégagent tous quelque chose, et en bons classiques de la série B, ils assument totalement leur carrure, ce qui les rend immédiatement naturels. On sent immédiatement la proximité, et c'est elle qui nous invitera finalement à rester pour endurer la médiocrité immorale (meurtre d'enfant, pourrissement progressif, on ira crescendo dans le poisseux). La générosité enfin, car le film resserre au maximum son intrigue, limitant les temps morts au simple développement des personnages survivants, et cultivant un côté invulnérable des créatures qui rend la survie très improbable. Les bestiaux bénéficient d'ailleurs d'effets soignés, à savoir un design massif et quelques petites apparitions vicieuses qui dopent l'efficacité du suspense. La recherche d'efficacité et le traitement plutôt sérieux de la violence permettent au film de ne pas se noyer dans ses vices qui pointent régulièrement (on sent souvent l'humour qui pointe dans les mises à mort et les explosions de trash, comme un rire gras bessonnien dans le fond). Alors inconnu, John Gulager est obligé de garder sa bite dans son pantalon, ce qui l'oblige à ne pas trop nous pisser dessus et à accoucher finalement de son meilleur film, une petite série B nerveuse et brève, dont l'étrange mélange Bis/malsain/humour conserve un relatif parfum de nouveauté (dont le trash pourra marquer durablement son public).

Voracinéphile
6
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Les meilleurs films sanglants et Les meilleurs films de monstres

Créée

le 8 juil. 2017

Critique lue 271 fois

1 j'aime

Voracinéphile

Écrit par

Critique lue 271 fois

1

D'autres avis sur Feast

Feast
Engagé-Guignol
8

Feast part 1 : devine qui vient (nous) manger?

Petite peloche sans prétention, Feast s'est taillée sa renommée sur le marché du DVD. Films de créatures, le film de Gulager nous rappelle furieusement Tremors et autres Critters dans son approche...

le 9 mai 2010

7 j'aime

Feast
Truman-
6

Critique de Feast par Truman-

Feast avait tout pour être meilleur que ce qu'il est bien qu'il ne soit pas mauvais pour autant . Le soucis de Feast, ou plutôt ses soucis sont > La réalisation > L'originalité qui ne pointe pas...

le 18 janv. 2014

5 j'aime

Feast
jesssy
7

Les gargouilles sado Mazo!

Feast Un film de : John Gulager Délicieusement jouissif, hilarant et démesuré, Avec des créatures dégueulasses, fornicatrices, puantes et cannibales… Ainsi qu'une ''bande de ploucs'' coincés dans...

le 22 sept. 2017

4 j'aime

2

Du même critique

2001 : L'Odyssée de l'espace
Voracinéphile
5

The golden void

Il faut être de mauvaise foi pour oser critiquer LE chef d’œuvre de SF de l’histoire du cinéma. Le monument intouchable et immaculé. En l’occurrence, il est vrai que 2001 est intelligent dans sa...

le 15 déc. 2013

99 j'aime

116

Hannibal
Voracinéphile
3

Canine creuse

Ah, rarement une série m’aura refroidi aussi vite, et aussi méchamment (mon seul exemple en tête : Paranoia agent, qui commençait merveilleusement (les 5 premiers épisodes sont parfaits à tous les...

le 1 oct. 2013

70 j'aime

36