Y a bon Fatima

Je suis absolument scandalisé par l'attribution du César du meilleur film à cette abjection cinématographique.

D'abord le scénario : il tient en deux lignes ; la mère qui en chie, lâchée par son mari, l'étudiante méritante et l'ado insupportable. Aucune subtilité, à partir de ces éléments on sait ce qu'il va se passer dès lors qu'on a connaissance de leurs origines.

Peu importe que cette transcription des discriminations soit réaliste ou non : on place dans la bouche des actrices des phrases de sociologie de bas étage qu'elles ânonnent en français ou en arabe. La réunion parent-prof est un cliché consternant, qui ne fait que simuler une réalité schématique. Celle-ci dessert complètement la fiction, avec une "Aurélie Leblanc" (sic.) placée maladroitement en opposition à la figure de la fille d'immigrée paresseuse. La beauté de l'art cinématographique réside au contraire dans la révélation de la complexité, dans la faculté de poser un regard critique. On a dans Fatima un regard niais, à peine politiquement correct : les blancs méprisent les pauvres arabes dans une stratégie de classe lamentable. Bouuuuh méchants les blancs. Oulah, les Arabes, un peu machos et archaïques, mais sympas quand même, et puis ils s'en sortent à la fin. Bravo les Arabes. Révoltant.

Quant aux actrices, seule Zita Hanrot (Nesrine) sort du lot avec un jeu correct. Soria Zeroual (Fatima) récite son texte en arabe sans aucune inflexion et sans sentiments, tandis que Kenza Aïche (Souad) mérite simplement des baffes - non pas en tant qu'ado révoltée, mais en tant que potiche monocorde.

Bref, un très mauvais moment, qui me fait avoir de sacrés doutes quant aux intentions de l'académie des Césars.