Uwe Boll est connu dans le monde des jeux vidéo pour enchaîner, tel un serveur chez McDonald durant un rush, les adaptations de nos chères productions vidéoludiques. Très malin, il arrive à acheter les droits d'innombrables licences et pas les plus mauvaises, notre tâcheron allemand n'en demeure pas moins un piètre réalisateur. Far Cry en est la preuve. Mou, chiant et sans aucune intelligence dans la mise en scène ni dans le propos.


I) Des clichés et des poncifs


Boll semble avoir décidé de ne pas faire le moindre effort pour cette adaptation du FPS de Crytek. On retrouve assez rapidement des canevas vus et revus dans des centaines de films antérieurs, et pas forcément les meilleurs. Boll ou l'art de la facilité.


Notre ancien boxeur ouvre son film avec une séquence horrifique où la « bête » traque des militaires dans un semblant de parc. Bien que lourdement armés, les casqués paniquent rapidement et se mettent à tirer un peu partout (sauf sur le monstre, logique). Pour faire comme tout le monde, Uwe nous gratifie des fameux plans « en vue subjective » sans la moindre intensité. Un filtre un peu craignos (avec de grosses lignes horizontales), une caméra qui tremble un peu (mais pas assez) et basta.


Autre grand poncif, du côté des personnages cette fois-ci, le scientifique déviant. Génie de la molécule, le bonhomme se laisse aller à des expériences douteuses au mépris de tous les codes déontologiques. Seulement, Boll est un artiste, il refuse de se borner à un tel cadre et cherche donc à élargir le tout en apportant un peu d'épaisseur à sa feuille de Marlboro.


Scientifique ? Oui. Méchant ? Oui, mais raffiné. Boll réutilise donc ce stéréotype du nazi artiste. Peintre et amateur de musique classique (du Wagner). Seulement, la scène introduisant le personnage respire tellement l'empilement de clichés, comme un cahier des charges à remplir dare-dare, que le scientifique a priori charismatique devient ridicule. Boll appuie tellement sur cette humanité du personnage que la psychologie de l'homme de science ressemble plus au final à un exercice de style, raté, qu'à un portrait.


II) Un humour qui tombe à plat


J'avais apprécié en son temps le Postal de Boll. Même si on ne tenait pas un chef d'oeuvre de comédie, le réalisateur allemand avait, semble-t-il, trouvé sa voie en jouant à fond la carte de l'outrance et du mauvais goût. Au final, le résultat était assez agréable du fait de quelques scènes idiotes mais sublimes comme le massacre d'enfants durant la fête pseudo-allemande.


Seulement, quand Boll cherche à faire dans le sérieux, il a tendance à foncer droit dans le mur. Les quelques passages comiques de Far Cry, ou se voulant un tant soit peu drôles, ce qui est normal si on se réfère aux canons du genre des années 80 (Stallone, Schwarzenegger), de bonnes vannes après les balles, sont complètement ratés. Blagues écrites à la va-vite, attaques molles du genou ou des fesses, on ne sourit pas. C'est surtout l'insupportable sidekick que Boll impose au héros qui finit par terrasser le spectateur.


III) De l'action cheap


Niveau action, Boll ne fait pas des miracles mais s'en tire un peu plus honorablement. Les quelques scènes de mitraille sont correctes. On est loin du paroxysme sanglant à la Stallone depuis son retour avec John Rambo mais on reste tout de même au-dessus d'un film d'action, actuel, français.


Le gros souci du film, qui apporte encore un peu plus de ridicule au moulin Boll, ce sont les acteurs incarnant les soldats génétiquement modifiés et invincibles. Quand on joue le stoïque, soit on en impose grâce à un charisme inné (Terminator), soit on a juste l'air d'un gros bovin qui sert les dents et gonfle le torse. Devinez dans quelle catégorie se classent les soldats de Far Cry.


IV) De la couillonnade


Le film a, bien entendu, sont lot de scènes à la con. Je passe sur les retrouvailles, miraculeuses, entre les deux héros pourtant séparés depuis longtemps pour m'attarder sur une scène particulièrement drôle. Involontairement, j'entends.


Notre jeune journaliste, évoquée plus haut, pénètre avec le héros dans la base des grands méchants qui font des expériences pas bien sur des soldats. Première chose, ils entrent un peu trop facilement dans cette giga-base, normalement surprotégée. Bref, passons.


A un moment donné, lorsque le héros sent qu'il est proche du bâtiment où est renfermé l'oncle de la jeune journaliste, on la tient LA motivation de notre belle brune, notre débrouillard de service lui propose de se cacher sous une bâche.


Seulement, la grognasse est aussi bien planquée que la télévision de votre salon. Forcément, en deux secondes elle se fait gauler, surtout qu'elle ne cesse de gigoter. Bâche ouverte + crétine qui bouge = pas discret. On en rigole, et on ne sait pas trop pourquoi. Parce que le personnage de la journaliste est outrageusement crétin ? Ou parce que ce twist de Boll pour créer une péripétie, la gentille qui se fait capturer par les méchants, est d'une naïveté incroyable. Probablement pour les deux raisons.


Mention


Commentaire: Il y a certaines adaptations de jeux vidéo qui demeurent agréables malgré leurs défauts. Soit parce qu'elles jouent à fond la carte de la série B, soit parce qu'elles se transforment en nanars involontaires. Pour Far Cry, malheureusement, on ne tient là qu'un mauvais film d'action. Mou, mal filmé, pas drôle et petit budget. Entre deux bâillements étouffés, on regarde sa montre en s'efforçant de tenir le choc. Pas simple.

Al_Foux
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le 31 déc. 2015

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