Pour ce troisième et dernier opus de Fantômas, André Hunebelle a respecté la recette à la lettre. Un temps de présence à peu près identique pour Louis de Funès et ses mimiques, Jean Marais et ses cascades et les diableries de Fantômas. Pas de jaloux même si la mésentente entre les deux vedettes aura finalement raison de la série (le titre suivant Fantômas à Moscou devait révéler une filiation entre Fantômas et Fandor, comme quoi George Lucas n’a rien inventé !). En s’efforçant très clairement de réduire le nombre de scènes avec les deux têtes d’affiche ensemble, le film perd quelque peu de son homogénéité. Chacun récite sa partition de son côté, ce qui donne un résultat parfois étrange entre quelques scènes d’action trépidante (même si Jean Marais n’avait plus la vigueur de ses films précédents) et les pitreries de Louis de Funès.


Des trois films, c’est certainement celui où le commissaire Juve est le plus malmené. Dans une Écosse qui n’est pas sans évoquer les films de la Hammer (château pittoresque, lande déserte, orage, esprits malins, etc.) alors que l’équipe n’a, en réalité, pas quitté la France (et où tout le monde parle le Français alors que la barrière de la langue aurait pu constituer un vivier de gags différents), Louis de Funès enchaîne séance de spiritisme, fantômes et visions de pendus dans sa chambre qui rend l’épisode particulièrement drôle. La plupart du temps en binôme avec Jacques Dynam qui fait un savoureux souffre-douleur, il multiplie les scènes propres à son style. Le cadre écossais est une bonne idée qui renforce la douce frayeur créée par l’ombre menaçante de Fantômas et qui engendre des situations particulièrement drôles même si aucun cliché ou presque ne nous est épargné . Entre le cartésien Juve et l’Écosse légendaire, les bons moments sont franchement nombreux.


On regrette cependant le manque d’unité de l’ensemble. Pas de course-poursuite délirante ici pour finir, pas de réelles péripéties faisant avancer le récit sinon le jeu des masques mené par Fantômas, mais une volonté aussi d’éviter certaines redites par rapport aux épisodes précédents et de verser dans la surenchère permanente. Une farce d’action qui reste réussie et qui parvient à faire le grand écart entre des personnages très différents les uns des autres accompagnée de la toujours excellente partition signée Michel Magne. Cependant, force est de reconnaître qu'elle n'est pas plus originale que les deux premières aventures ainsi qu'un persistant souvenir d'enfant peut le laisser croire.

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le 30 avr. 2022

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PIAS

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