C'était chouette.
Le film de cape et d'épée a-t-il en 2022 encore un avenir ? Cela paraît mal barré, côté français du moins, au vu des fessées que se sont pris les dernières tentatives hexagonales du genre (une pensée émue pour le bide stratosphérique et injuste du réjouissant pastiche Les Aventures de Philibert il y a dix ans – déjà !), mais l’annonce récente d’un ambitieux diptyque consacré aux Trois Mousquetaires donne envie d’y croire.
D’ici-là, il est permis de se retourner vers le passé et plus précisément vers l’âge d’or du genre, dont l’un des principaux ambassadeurs reste aujourd’hui encore ce Fanfan la Tulipe de 1952 (à ne pas confondre avec son remake homonyme – et moins bon – sorti cinquante ans plus tard). Gros carton à sa sortie, le film marque alors la sixième collaboration du (compétent) metteur en scène Christian-Jaque et de son fidèle dialoguiste Henri Jeanson (qui lui a, à ce moment-là, déjà écrit le sympathique Boule de Suif puis le plus sympathique encore Un Revenant).
Et cela tombe bien puisque, dans la continuité de ces deux derniers (pas encore vu leurs trois autres collabs antérieures), ce Fanfan la Tulipe s’avère à son tour tout à fait sympatoche. Les talents conjugués des deux hommes débouchent sur un honnête représentant de son genre, généreux en bons sentiments – camaraderie comme romance – et en joutes – à l’épée comme verbales –, le tout avec une bonne dose de panache et un zeste de paillard (toujours agréable). En prime porté par une distribution tout à fait plaisante : un Gérard Philipe impertinent et flamboyant, une Gina Lollobrigida charmante (et au décolleté charmant lui aussi), un Noël Roquevert toujours le bienvenu et un Marcel Herrand parfait en Louis XV.
J’aurais bien deux trois petites fautes de goût à déplorer (et là me vient immédiatement en tête ce semblant d'allemand dégueulasse dans lequel échangent entre eux les simili-Prussiens – de mémoire jamais nommés comme tels – lors de leur conseil de guerre : l'effet se veut à coup sûr comique mais s'avère plutôt ridicule – puis, entre nous, l'allemand est déjà une parfaite langue de méchants, pas besoin de le déformer), mais on est vraiment dans le pinaillage... Globalement, le film se tient sans souci.
Bref : ce Fanfan la Tulipe version Christian-Jaque (la deuxième des trois à date) est une énième réussite au CV – décidément bien éclectique – du bonhomme.
Qui douze ans plus tard nous reviendra d'ailleurs avec une autre Tulipe... noire celle-ci. Mais c’est une autre histoire…