Comment montrer une langue opprimée sans l’oublier dans son contexte ? Comment donner du fond à un documentaire sur le langage sans l’en écarter ? C’est sûrement le résultat que l’on était en droit d’attendre de la part d’Eugène Green, voir la langue basque et l’entendre pour elle et elle seulement. Or, dans cet exercice d’équilibriste, le produit final est loin des espérances qu’il pourrait générer.


Le documentaire débute de manière élégante et entrainante. Dirigé par la voix (en off) de Joseba Sarrionandia qui introduit efficacement les grands enjeux sociaux et politiques autour de la langue Basque. Une série de formules qui distillent aussi de manière définitive le particulier de cet idiome et une poésie précise digne de cette figure littéraire. Puis, cette voie plus qu’encourageante se dissipe une heure et demie durant, au cours d’entretiens visiblement semi-dirigés où la langue est présentée comme un sanctuaire du troisième âge et ses locuteurs jeunes comme des pénitents polis.


Un groupe de jeunes basques, au demeurant passionnants de par leurs parcours respectifs dans cette langue, sont alors trimballés d’églises en fêtes de village pour signifier face caméra leur révérence à un héritage rendu omniprésent par Eugène Green. Ce n’est pas la modernité ni l’actualité de cette langue qui manquent le plus à l'image mais sa vie, trop scrutée dans la bouche du groupe de jeune suivi pour qu’elle puisse raisonnablement en surgir.


Beaucoup de chants et d’hommages, de beaux paysages, des basques dépeints comme loyaux envers leurs racines et l’Église. Une somme de régularités déconcertantes sur ce sujet passionnant de la langue. L’unique audace du documentaire est donc sa « mise en scène », troublante et parfois embarrassante, qui consiste à provoquer puis filmer des discussions entre des jeunes à qui on demande d’être tantôt acteurs, témoins et passeurs.

ibanaute
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le 5 déc. 2017

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