Lamarr aux canards

C’est en 1933 que le réalisateur tchécoslovaque sort « Extase », qui devra attendre 1940 pour être diffusé aux Etats-Unis. Ce long métrage de 82 minutes fait sensation pour les scènes de nu dont la vedette féminine, celle qui deviendra Hedy Lamarr une fois passée en Amérique, n’a que 17 ans lorsqu’elle tourne, mentant sur son âge lors du casting. Dès lors, l’actrice acquiert une réputation sulfureuse qui ne la quittera pas.

Le film s’ouvre alors que le brave Emil, et sa très jeune épouse, la belle Eva, rejoignent leur domicile, tous justes mariés. La mariée est au comble du bonheur… mais ne tarde pas à déchanter, lorsqu’elle se rend compte que son époux, bien plus vieux, n’a pas l’intention de l’honorer. Les jours passent, et si Emil est loin d’être un mauvais bougre, la passion qui l’habite est proche du néant, et il semble s’intéresser plus à sa brosse à dents qu’à sa femme.

N’en pouvant plus, Eva décide de fuir. Elle rentre chez son père, et celui-ci se met d’accord au téléphone avec le vieil Emil sur un divorce. Libérée (délivrée), la jeune fille profite des douceurs printanières de la campagne, dont elle arpente les sentiers à cheval, les rivières à la nage, et les champs pieds nus. Victime des chaleurs de son étalon, parti au galop courir la jument, l’incident a toutefois le mérite de lui faire rencontrer un bel ingénieur, le bien subtilement nommé Adam.

Le principal souci du film, c’est la fadeur de son histoire et de ses interprètes.
Aucun des acteurs ne parvient vraiment à donner de la profondeur au personnage qu’il ou elle incarne. C’est d’autant plus dommage que, le scénario tenant en une ligne, le succès d’un tel film repose principalement sur l’atmosphère qu’il propose, et sur la qualité de ses comédiens.

Ici, les thèmes rabâchés sont les plus vieux du monde : un mariage arrangé avec une différence d’âge importante, une jeune fille à l’âme romanesque qui ne tarde pas à déchanter, et un jeune premier qui seul parvient à la combler. Là où « Extase » se veut original et subversif – pour l’époque –, c’est dans sa représentation très crue de la sexualité. C’est d’ailleurs l’orgasme simulé d’Hedy Lamarr à l’écran qui fera scandale, bien plus que ses scènes de nu.

Malheureusement, malgré ces deux scènes un peu voyeuses, le film présente un intérêt tout limité. C’est long, il n’y a aucun rythme, les acteurs masculins n’ont aucun charisme, et l’on s’y ennuie beaucoup.

Il eut toutefois le principal avantage de faire connaître au monde la jeune Hedwig Kiesler, qui gagna immédiatement une grande notoriété, fut repérée par la MGM et son patron, Louis B. Mayer, qui lui proposa de venir à Hollywood, où son nom fut changé pour le plus élégant ‘Hedy Lamarr’.

Dans « Extase », Lamarr est loin de la beauté parfaite qu’elle sera au pinacle de sa carrière Hollywoodienne. Rondelette aux yeux tombants et peu mise en valeur, elle a toutefois du charme, mais ce n’est pas encore la grande Hedy. Le film reposant sur elle, c’est tout légitimement que nous sommes en droit d’être déçus, malgré une scène sympathique où Hedwig Kiesler, après avoir fait trempette, poursuit son cheval à travers champs dans le plus simple appareil.