Adoubé et acclamé alors qu'il aligne merde sur merde depuis des années, le père Ridley n'est pas prêt de se remettre en question et poursuit avec véhémence son massacre en règle de tout ce qui est sacré au Cinéma. Après avoir changé son Alien en cette comédie démente de Prometheus, le voilà qui va passer La Bible au crible de son humour irrévérencieux.


Le livre de l'Exode n'est pas exempt de blagues. Il y a par exemple cette scène de négociation sur le sort des hébreux, entre Dieu et Moise au sommet du mont Sinaï, qui m'a fait mourir de rire... Mais c'est globalement une histoire de haine et de cœurs endurcis, de sang et de mort. Il n'y a pas grand place pour une comédie échevelée de 2H30 ( ou plus, quand on se tapera le director's cut ) et c'est pourtant le défi que se lance - que nous lance - Ridley, avec un budget pharaonique ( assez littéralement ) et un concept qui entre les mains d'un vrai cinéaste serait alléchant : et si Moïse était un illuminé et que les interventions de Dieu n'avaient lieu rien que dans sa tête, et explicables rationnellement ?


Sauf que voilà, Ridley étant Ridley, un film sérieux et mesuré ça ne lui plait pas. Il faut au plus vite le tourner en grosse farce qui cède systématiquement au grand-guignol. Avec ses scènes de bagarres maousses, serties entre autres d'explosions improbables d'entrepôts de vin, son Exodus devient une sorte de chainon manquant entre le cinéma de Michael Bay et Gérard Oury... Oui, il y a du Rabbi Jacob en Ridley Scott, comme en témoigne cette scène où Ramses confronte Myriam, la grande sœur de Moïse : " Alors, Myriam, regardez moi bien dans les yeux et vous me devez la vérité, Myriam... Etes vous, oui ou non, issue du peuple Hébreux, MYRIAM !? " Cinq minutes de fou-rire.


Du coup, impossible de prendre au sérieux sa tentative de rationaliser le récit. Vu qu'il il est constamment obligé de revenir au texte, certains évènements ( comme la mort inopinée de tous les premiers-nés d'Egypte un beau soir où une gigantesque plaque survola la ville, la recouvrant de son ombre... ) ne souffrent aucune explication.
Alors puisque Moïse était général des armées quand il était "jeune", il ne retourne pas en Egypte avec son bâton de berger mais son glaive... Du coup pas de scènes avec les serpents - ça serait trop impossible à expliquer ! A la place, il lève une petite armée de guérilleros chez les Hébreux et prend le temps de les entrainer en plein jour sans qu'aucun Egyptien ne moufte. C'est à se demander pourquoi simplement les Hébreux ne se sont pas cassés direct, plutôt que d'attendre un mot du directeur...


Comme d'hab' les acteurs, pas tous talentueux et victimes d'une écriture débile, campent des personnages mono-dimensionnels et immuables ( la Palme à Josué qui se borne à espionner Moïse toute sa vie... ). Ajoutez à cela des effets visuels assez minables et des choix de focale foireux ( j'ai souvent eu l'impression dans les plans larges de ne pas voir des cavaliers de loin, mais des touts petits chevaux trop mignons qui se pavanaient juste devant moi ! ) et vous avez enfin la preuve éclatante de l'imposture Ridley Scott.


J'en viens presque à attendre le prochain !

mikeopuvty
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le 8 janv. 2015

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Mike Öpuvty

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