Si l’on doit revenir rapidement sur les faits, Exodus, et plus particulièrement Ridley Scott, subit un boycott concernant un supposé racisme. En somme, tous les acteurs/trices du casting sont majoritairement blancs quand les esclaves eux sont noirs. Un phénomène de blanchiment des peaux qui n’est pas nouveau à Hollywood (Elizabeth Taylor dans Cléopâtre) mais qui semble très mal passer pour une petite partie du public. Le problème, c’est qu’ici on parlera du film, et pas d’une supposée vérité que le film ne s’est d’ailleurs jamais targué de narrer.

Si l’on avait du se référer aux outils promotionnels déployés, l’on aurait déjà pu classer Exodus parmi les nanars tant il sentait la fumisterie. Avec ses répliques ridicules et son visuel propre, mais faux, tout semblait propice à en faire un ratage monumental. Mais Ridley Scott arrive toujours, d’une manière ou d’une autre, à nous surprendre. Du point de vue technique en premier lieu, qui fait justement toute la qualité de cette production. Cela faisait bien longtemps qu’un réalisateur n’avait pas osé réellement construire des images aussi belles dans un blockbuster, sachant habilement mêler le faux développé sur ordinateur aux véritables décors du film. Surtout, la 3D proposée ici s’avère surprenante, Scott ayant sans cesse à l’idée de développer une vraie profondeur de champ, usant des bains de foules ou des longues trajectoires pour nous faire ressentir l’immensité des décors. [...]

Mais outre la qualité de technicien que l’on ne peut retirer à Ridley Scott, il convient d’en juger qu’Exodus reste au final un blockbuster assez sommaire. Bien qu’il narre un mythe, le film semble aller à la fois trop vite et trop lentement, donnant cette regrettable impression d’avoir été charcuté au montage. Ce qui ne l’empêche pas heureusement d’être suivi sans trop de problèmes, mais qui annule presque tous les efforts de dramaturgie du réalisateur. Il reste pourtant d’Exodus un film véritablement ambitieux, qui ne cherche pas à se corrompre sous des effets de pacotille ou de la musique omniprésente (hello Hans Zimmer) pour provoquer un faux souffle épique. Nous avons ici un blockbuster tout à fait correct, mais qui manque de liant pour accéder au rang de classique.

Par Florian
Neocritics
7
Écrit par

Créée

le 23 déc. 2014

Critique lue 481 fois

3 j'aime

Neocritics

Écrit par

Critique lue 481 fois

3

D'autres avis sur Exodus - Gods and Kings

Exodus - Gods and Kings
Docteur_Jivago
8

Plaies intérieures

Après Cecil B. DeMille, c'est au tour de Ridley Scott de s'attaquer à la vie de Moïse et notamment la façon dont il a conduit les hébreux hors d'Égypte et, de sa jeunesse comme prince jusqu'à...

le 26 déc. 2014

51 j'aime

24

Exodus - Gods and Kings
ltschaffer
9

Des Hommes et des Dieux

"Notre sujet est inhabituel", nous adressait Cecil B. DeMille dans l'aparté introductif de son auto-remake des Dix Commandements. Et pour cause, le périple biblique de Moïse n'a réellement été adapté...

le 9 déc. 2014

50 j'aime

19

Exodus - Gods and Kings
SanFelice
8

Moïse, clochard céleste

Ridley Scott a une certaine capacité à me surprendre. Chaque fois qu'il paraît être en perte de vitesse, complètement perdu, n'arrivant plus à exploiter son talent dans un filon qu'il semble avoir...

le 9 mars 2015

42 j'aime

5

Du même critique

Interstellar
Neocritics
3

Boursouflé et indigeste

L’on ne pourra pas parler ici de déception car nous n’en avions aucune attente, préférant la découverte durant la séance. Il restait malgré tout à Christopher Nolan la rude tâche de nous convaincre...

le 2 nov. 2014

14 j'aime

5

The Smell of Us
Neocritics
1

Malade, vicieux, choquant

Il semblerait que Larry Clark ait trois sujets de prédilections. Le sexe, l’alcool et la drogue chez les jeunes. Quand nous n’avons jamais vu un film du cinéaste, on est assez surpris au départ du...

le 18 janv. 2015

12 j'aime

7

Mommy
Neocritics
3

Quand Dolan brosse dans le sens du poil

Comment réellement juger ce film sans tomber dans la critique facile ou dans l’ovation qui ne veut rien dire ? Sans aucun doute, Mommy souffre de sa popularité car il semble élaboré pour brosser dans...

le 7 oct. 2014

12 j'aime

32