Quand le vieillissement n'entâche pas la démarche
A chaque fois que je parle d'Excalibur, je parle de kitch. Dans mon auditoire, certains s'insurgent, d'autres ricanent. Pourtant, il semble évident qu'aujourd'hui, les choix esthétiques de Boorman et son équipe ne seraient plus refait (je ne veux pas entendre parler du Choc des titans de Leterrier et de ces armures étincelantes, qui me semblent tenir plus de l'hommage à Excalibur justement, qu'un véritable désir de faire "beau"). Mais compte tenu de ce que l'histoire nous dit de la représentation picturale de l'heroic fantasy, je ne pense pas que le visuel d'Excalibur était kitch en 1981. Du moins, pas autant que certains semblent le dire. Je pense qu'au contraire, au début des années 80 on trouvait ça super valable comme visuel de Fantasy (y a qu'à voir les dessin du genre dans les BD ou autres illustrations à cette même époque, ou quelques films du début des 80's comme Legend ou Flash Gordon). C'était dans l'air du temps. Et c'est surtout un style visuel qui découle de l'imaginaire collectif, très probablement "lancé" par Weird Tales en 1923, qui est un peu la "base" de la fantasy et dont tout à découlé par la suite. Reste qu'aujourd'hui, oui, les costumes et certains décors d'Excalibur sont kitchs. Mais bon, ca participe au charme... J'ai plus de mal par contre avec les dialogues ("tu as brisé l'IMBRISÂÂÂÂBLE!"), ou le côté pompier de certaines scènes (qui fonctionne bien par contre dans les scènes épiques).
Malgré tout, le kitch, les dialogues parfois ridicules et le manque de finesse devrait reléguer ce film au rang de nanard. mais il n'en n'est rien, il lui reste une fougue certaine, un côté épique rarement atteint et une des légende les plus fascinante que l'histoire nous ai conté, inscrite dans notre imaginaire collectif depuis des centaines d'années. Tout celà sans que ce soit Hollywoodiennisé, ou édulcoré. Boorman conserve l'aspect conte, nous le sert au 1er degré, et c'est pour cette raison essentielle qu'Excalibur reste si fascinant : un conte doit laisser la place à l'imaginaire, et Boorman ne tente jamais de complexifier inutilement la chose, il reste simple et efficace, se laisse guider par l'imagerie primaire du conte et de la fantasy, et met en scène comme s'il croyait lui-même en la véracité de son histoire. Du coup, nous aussi on y croit. Et on y revient.