Malgré la faiblesse de ses effets spéciaux fortement liée au budget dérisoire de l'entreprise, Evil Dead est bel et bien ce qui me semble être le meilleur film d'horreur grand public au cinéma, devant Halloween ou le surestimé Shining. Il est d'ailleurs tellement réussi qu'il en sera le film d'horreur le plus copié et un de ceux auxquels on rendra le plus hommage, dont l'essence sera peu à peu diluée dans la décadence humoristique de la saga qui s'ensuivit (conservant toutefois assez d'originalité et d'enthousiasme pour mériter une bonne estime du public (le troisième, tenant plus du film de rôliste comique et fantastique, reste le plus apprécié, plus lisse et davantage fanfaron).


Evil Dead compile l'ensemble des clichés classiques du cinéma d'horreur. Il les compile parfois jusqu'à l'absurde sans logique, comme le témoigne cette séquence dans la cave peu à peu remplie de sang, où ash finit devant un projecteur sur lequel l'hémoglobine finit par l'éclairer en rouge. La trappe sombre, les possédés zombies, la bonne vieille sorcellerie, les armes évocatrices (fusil et tronçonneuse, ainsi que le petit couteau et la hache)... Le pitch est violemment cliché lui aussi, déjà à son époque. La véritable originalité d'Evil Dead, c'est son efficacité et sa cohérence en surenchère. Dès les 5 premières minutes, la mise en scène suscite déjà le malaise par plusieurs détails, soulignés par la bande originale très synthétique de Lo Duca. Les amateurs de finesse repasseront, pour les autres, c'est le début du train fantôme. Car Evil Dead relance continuellement la tension, et cultive très bien ce sentiment d'incapacité totale à faire face à la situation en cours. Dans les outrances gores, dans son mystérieux système de possession qui rend totalement paranoïaque (le simple fait de voir les acteurs peut créer un doute sur une présente indésirable...), dans la précarité totale du lieu (une pauvre cabane bricolée), c'est tout le monde qui est à découvert et qui risque à tout moment de se retourner contre les autres. Il est curieux qu'aucun personnage, dans ces conditions, ne songe au suicide, qui serait une libération réelle du véritable enfer dans lequel on a pénétré. Tout étant précaire, l'immersion est maximale, et le film choisit justement le personnage de Ash car il n'est pas un héros, et d'ailleurs, l'identification fonctionne sobrement. Il n'est pas foncièrement courageux mais assume ses responsabilités, et finit par la force des choses à se retrouver seul pour combattre. La sensation de solitude cumulée à l'horreur colossale des "règles" de possession rend la dernière partie du film particulièrement éprouvante. Et si quelques détails ne fonctionnent pas (aucun démon ne rentre par les fenêtres une fois possédé), l'immersion reste maximale jusqu'au générique.


Jamais décevant, trouvant toujours une nouvelle idée sadique pour exploiter ses clichés (l'enterrement de Linda est un sommet d'angoisse), Evil Dead tient absolument toutes ses promesses et s'inscrit sans peine comme l'un des plus efficaces modèles de son genre, accompagnant ses jump scare d'effets dévastateurs (bien loin de la gratuité de ces effets aujourd'hui) et cultivant une ambiance étouffante qui sera pour beaucoup dans l'angoisse totale de la ballade. Surement traumatisant pour les plus jeunes (à condition évidemment de le voir dans une optique sérieuse), toujours réjouissant pour les vétérans avec sa générosité, Evil Dead cumule énormément de bons points fonctionnant dans une logique de pur divertissement, en faisant dès lors un ambassadeur né de l'horreur qui prouve toujours aujourd'hui sa suprématie devant ses pâles reflets...

Voracinéphile
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le 2 nov. 2015

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