Evil
6.8
Evil

Film de Mikael Håfström (2003)

Il est assez intéressant d'analyser Evil, car il s'agit d'une bonne application de principes simples sur des mécanismes de violence, ici dans le cas où elle est employée sans retombées par une autorité qui s'est auto-promue gardienne de l'ordre et qui se sert de sa position pour rabaisser les autres ou les plier à ses caprices. Notamment en établissant des codes qu'elle ne respecte pas. A ce jeu, l'autorité du beau père est un exemple aussi extrême que limpide, qui pose en peu de temps son postulat. Erik s'y soumet par égard pour sa mère, qui feint l'ignorance devant les mauvais traitements perpétrés sur son fils. La situation se perpétue alors dans sa nouvelle école, par l'intermédiaire des bizutages imposés par les dernières années aux nouveaux, qui doivent accomplir des corvées de nettoyage et se soumettre aux humiliations de leurs aînés. Il y a également d'autres petits mécanismes de violence (le camarade d’Erik notamment, dont le physique ingrat et les origines polonaises se voient moquées en cours de biologie par un professeur aux théories vaguement raciales), mais c'est essentiellement l'abandon de l'autorité par les adultes qui occupe la grande majorité du film, ayant alors permis l'accaparation du pouvoir par une élite qui l'emploie à excès, tout en se donnant une façade démocratique (le conseil des punitions, tenu par les sixièmes années qui défendent tous les mêmes intérêts et donnent des décisions à l'unanimité). Le film en prend largement conscience, et comme l'injustice rythme le quotidien, les aspirations violentes d’Erik reviennent rapidement. Néanmoins, le film conserve et observe une règle frustrante : violenter un sixième année est passible d'exclusion définitive. Gandhi avec sa théorie de la révolution non violente nous est donc cité, mais nos personnages vont se livrer à un jeu un peu plus pervers, à la violence psychologique, la plus raffinée (la violence physique étant ici réduite à voir Erik encaisser les coups sans céder, donc stimulant l'imagination des 6ème année pour le faire plier). Succession de coup bas, affront en public, coup dans le dos, et bientôt représailles sur les connaissances, le film ne ménage pas sa gradation, avec une représentation radicale et une belle acuité des rapports de force établis par la violence de chaque situation. On penserait presque à Miike sans la folie et l'ironie. Mais si la perception de la violence est vraiment bonne, le film finit par traîner en longueur. Le script s'encombre d'une bluette romantique assez inutile qui parasite le récit, pour n'apporter finalement pas grand-chose (certes, une lettre à motif d'exclusion, mais soyons sérieux, c'est la remise en cause de l'autorité de "l'élite" qui fait la fierté de l'école qui motive ce rejet, n'importe quelle broutille ou document monté aurait fait l'affaire). De même, la progression dans l'échelle de violence se ralentit parfois beaucoup trop, en tentant alors de combler par quelques dialogues entre personnages dont on aurait pu se passer. Malgré cela, les performances des acteurs sont parfaitement efficaces, et par son dépouillement d'effets, le réalisme de la reconstitution d'époque donne un joli cachet à cette étude comportementale, efficace et évidente dans son déroulement. Avec une jolie description de l'amitié sous la douleur.
Voracinéphile
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le 4 déc. 2014

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