Être et avoir par Gérard Rocher La Fête de l'Art

Chaque jour de classe, à Saint-Etienne-sur-Usson dans le Puy de Dôme, le car de ramassage scolaire amène les enfants des environs à l'école de ce charmant village. Cet établissement est composé d'une classe unique allant de la maternelle au CM2 au sein de laquelle officie un instituteur transmettant le savoir par le biais d'une pédagogie toute personnelle et efficace. Il est un peu considéré comme le second papa, il écoute les confidences et également calme les petits comme les gros chagrins en faisant usage de douceur et de mots justes.


Par ce film documentaire très attachant, Nicolas Philibert nous démontre toute l'importance, l'influence et les bienfaits d'une école dans une zone rurale: elle représente l'avenir de celle-ci. Chacun peut ressentir que la petite école d'où s'échappent les rires et les cris des enfants est l'âme de ce village. Elle contribue notamment à éviter sa mort lente par l'isolement et le départ des plus jeunes habitants vers les plus grandes agglomérations environnantes. De ce point de vue, le film est très réconfortant.
Toutefois, il ne faut pas faire de cette réalisation l'exemple de ce que devrait être l'Education Nationale. La grande majorité des enseignants n'a pas la possibilité de transmettre de cette sorte le savoir aux élèves. Nous sommes ici dans un environnement très privilégié. J'émets donc quelques réserves sur cette œuvre, au demeurant attachante, qui nous entraîne très finement dans un genre de démagogie visant à mettre en valeur l'instit " saint homme ", omniprésent, au fait des moindres problèmes de ses élèves, qu'ils soient pédagogiques ou familiaux. Il intervient, console, conseille, bref. Si un enseignant peut se permettre d'étendre une telle influence dans sa classe, c'est que tous les moyens sont réunis pour cela. Cette forme d'enseignement ne doit pas être prise, selon moi, comme un exemple incontournable car la vie sociale diffère selon énormément de critères qui font que l'éducation des enfants et l'influence des enseignants ne peuvent être malheureusement identiques.


Les enfants qui participent à ce film, des plus jeunes aux plus grands, sont tous très attachants avec leurs expressions souvent naïves, drôles et émouvantes. Ils apportent beaucoup d'éclats à ce documentaire. Quant à Georges Lopez, le professeur des écoles, il déborde de gentillesse et de célérité. C'est pourquoi je me permets de vous conseiller de vous reporter à ma critique du film de Laurent Cantet : " Entre les murs" afin d'avoir une autre vision très réaliste du travail des professeurs d'école qui dispensent leurs cours au sein de quartiers difficiles.
- (http://www.senscritique.com/film/Entre_les_murs/critique/22210049) -


Cette œuvre a obtenu un succès commercial aussi important qu'inattendu car elle apporte beaucoup de fraîcheur grâce à la spontanéité des enfants et à leur humour. La beauté des lieux n'est pas non plus étrangère à ce succès, toutefois il ne s'agirait pas pour autant de croire que dans ces régions magnifiques la vie est toujours aussi simple.


Ce film a obtenu :



  • César 2003 du Meilleur montage pour Nicolas Philibert.

  • Prix Louis Delluc 2002 pour Nicolas Philibert.

Grard-Rocher
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Les bons films. et Cinéma : Entrez dans le monde du film documentaire.

Créée

le 24 mars 2015

Critique lue 1.7K fois

39 j'aime

23 commentaires

Critique lue 1.7K fois

39
23

D'autres avis sur Être et avoir

Être et avoir
PierreAmo
4

Je suis trop dure avec cet objet à cause d'une scène manipulatrice aux dépens d'un enfant!

Vu à sa sortie, j'avais dans la salle commencé à l'adorer: comment résister à ces enfants, des souvenirs, de vraies bouilles? Pensez aux photos de Doisneau pour Les doigts plein d'encre

le 1 févr. 2016

13 j'aime

18

Être et avoir
Kalimera
8

atmosphère ,atmosphère!

Pour certains, un film sans rythme: ce n'est pas un film américain, c'est sur ! Pour d'autres, ennuyeux: évidement le scénario n'est pas spécialement exaltant ; Pourquoi ne pas le voir sans à priori,...

le 3 juin 2011

13 j'aime

1

Être et avoir
crash
8

Critique de Être et avoir par crash

Le documentaire mérite ici largement son nom ; les scènes sont choisies avec comme mot d'ordre la variété, la simplicité, le dénuement. Le montage et le rythme sont justement réalisés pour nous faire...

le 17 nov. 2010

12 j'aime

2

Du même critique

Amadeus
Grard-Rocher
9

Critique de Amadeus par Gérard Rocher La Fête de l'Art

"Pardonne Mozart, pardonne à ton assassin!" C'est le cri de désespoir d'un vieil homme usé et rongé par le remords qui retentit, une triste nuit de novembre 1823 à Venise. Ce vieil homme est Antonio...

176 j'aime

68

Mulholland Drive
Grard-Rocher
9

Critique de Mulholland Drive par Gérard Rocher La Fête de l'Art

En pleine nuit sur la petite route de Mulholland Drive, située en surplomb de Los Angeles, un accident de la circulation se produit. La survivante, Rita, est une femme séduisante qui parvient à...

166 j'aime

35

Pierrot le Fou
Grard-Rocher
9

Critique de Pierrot le Fou par Gérard Rocher La Fête de l'Art

Ferdinand Griffon est entré malgré lui dans le milieu bourgeois par son épouse avec laquelle il vit sans grand enthousiasme. Sa vie brusquement bascule lorsqu'il rencontre au cours d'une réception...

156 j'aime

47