Et maintenant on va où ? par Enlak
Un hameau isolé. Si pauvre qu’il n’a même pas la TV. Des conflits éclatent ailleurs. Mais pour l’instant le village nage dans le bonheur.
Le petit village se remet de récents conflits ayant opposés les communautés chrétiennes et musulmanes, qui dorénavant vivent en paix. Mais les femmes portent encore le deuil de leurs proches qui ont péri durant ces affrontements.
Si les habitants vivent en bonne attente, les femmes elles s’étripent comme des chiffonnières sans arrêt. Mais qu’elles portent le voile ou la croix, elles forment un groupe soudé, capable de se disputer pour une broutille comme de chanter ensemble pour préparer le repas. Ainsi elles font cause commune lorsque des rumeurs cours sur de nouveaux affrontements à l’extérieur, menaçant de raviver la flamme du conflit. Elles n’hésitent alors pas à recourir à des stratagèmes absurdes et audacieux pour distraire les hommes de leurs incitations à la violence, entre expédition de sabotage et disputes forcés. Et même recours à des jeunes touristes dans la fleur de l’âge, car même en ayant fait vœux d’abstinence avant le mariage, elles n’ignorent pas l’effet que procurent de jolies courbes.
Mais malgré tous leurs efforts, un malentendu réveille les tensions, et de vengeance en vengeance de part et d’autre, la situation menace de dégénérer. Et le drame inévitable. Au grand détriment des femmes, et même du prêtre et du cheikh, finalement les plus tolérants, qui n’hésitent pas à sacrifier quelques règles pour entrer dans le jeu des femmes.
La gente masculine en prend pour son grade. S’ils paraissent pas malins et facilement manipulables, et capable de partir se battre pour pas grand-chose, il suffit aussi d’un rien pour qu’ils puissent vivre à la même table.
Sur un thème aussi grave que la guerre entre religion, la réalisatrice (une femme forcément) parvient à produire un film avec beaucoup d’humour, subtil et jamais lourd. Et pourtant la tragédie est bien là, comme cette danse de la mort, étrange à nos yeux, mais dont l’aspect solennel et tragique n’échappe à personne, ou les déchirements d’une mère éplorée. Un film trop peu connu, au contraire de « qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu ? » qui parait bien faible en comparaison.
Ajouté un côté exotique du à une culture et un peuple différents, « et maintenant on va ou ? » reste en mémoire pour son message sur la tolérance, mais aussi par ses nombreuses situations cocasses et particulièrement drôles, et les portraits de ces femmes singulières.