Je n'avais malheureusement pas pu voir le dernier Guédiguian en salle, et je le regrette d'autant plus que le film est magnifique. C'est peut-être son film le plus simple et aussi le plus apaisé, qui brasse évidemment tous ses thèmes habituels, lutte des classes, engagement politique à gauche, cause arménienne, famille, camaraderie, tout ça dans un Marseille encore plus magnifié que d'habitude, mais qui le fait avec une sérénité et un calme qui donnent au film un sentiment de quiétude permanent, même dans les moments difficiles. Je ne sais pas si c'est la sagesse de l'âge qui fait ça, mais Guédiguian me fait penser à un Ozu ici, voire aux derniers Kurosawa de fin de carrière. L'oeuvre de Guédiguian est l'une des plus singulières du cinéma français. Pas de chef-d'oeuvre écrasant l'ensemble, mais une constance qui force l'admiration, et surtout la construction d'un corpus sur l'ensemble d'une vie qui est l'une des oeuvres majeures du cinéma français. Et réussir à ce point un film alors que ça doit être le 25ème dans le même genre est vraiment totalement réjouissant.