Pablo Escobar est sans aucun doute la figure la plus connue du grand banditisme mondial au XXème siècle. Brassant des milliards de dollars grâce au trafic de drogue, régnant quasiment sans partage sur le marché de la cocaïne pendant deux décennies et ayant à son actif des décisions qui ont causé la mort de milliers de personnes, le chef de cartel fascine et a fait l'objet de nombreuses histoires contées sur le grand écran mais aussi sur le petit avec la série "Narcos".
Un autre film sur Escobar donc, mais que peut-on bien attendre de nouveau d'une telle entreprise? Tout simplement, un film qui fait le choix d'axer son propos sur la quête du pouvoir absolu, un chemin qu'a arpenté le boss de Medellin durant de nombreuses années, incapable d'assouvir sa soif de toute-puissance.
"Escobar" est un film qui baigne dans l'opulence et le sensationnel. Dès les premières images, on nous prévient que le film est inspiré de faits réels mais qu'il s'en écarte par souci de dramaturgie. Passé une première demi-heure en demi-teinte, les séquences spectaculaires s'enchaînent, quitte à s'éloigner des faits, non pas par souci tapageur mais bien pour montrer à quel point le personnage principal dépeint dans le film est prêt à tous les excès pour satisfaire sa soif de puissance.
Le film sonne comme une oeuvre outrancière et violente et refuse de céder à toute analyse cérébrale d'un homme dévoré par son ambition. On se retrouve plutôt face à une poursuite haletante et sans concession visant à la domination sans partage de tout un état. Et si ce choix fonctionne si bien, c'est surtout parce que l'homme qui prête ses traits à Escobar réalise un boulot monstre. Pachydermique et à à la fois invisible aux yeux des autorités de tout un pays, aussi sympathique que menaçant, Javier Bardem compose un personnage véritablement hors-du-commun, une carrure idéale dans un film qui s'est lancé à corps perdu dans une peinture primitive et fiévreuse d'un mégalomane qui a défrayé la chronique.
Ce qui nous amène tout de même au principal défaut du film, avec des épaules aussi larges, le personnage fait de l'ombre à des rôles secondaires qui peinent à exister ou du moins, à bénéficier d'une certaine substance dans un film qui ne s'intéresse à eux qu'en tant que spectateur ou victime de l'oeuvre d'Escobar.
Une réussite incomplète dû à des choix qui ralentissent l'avancée pourtant inexorable de cette figure du XXème siècle. Le film aurait clairement gagné à poser sa caméra constamment aux côtés de son objet d'adoration pour livrer une oeuvre en forme de montagne russe luxueuse. On se contentera d'en apercevoir une belle ébauche.