Slowly, quietly, bluely... ça doit faire mal aux yeux en sortant de la salle

Le mot clé : épuré.
Les 40 premières minutes sont atrocement longues : énormément de silences, de pseudo-regards-qui-en-disent-long, de zooms sur des parties du visage censées exprimer un je ne sais quoi manquant totalement de spontanéité tellement chaque micro-mouvement semble calculé... La suite est plus intéressante et plus animée, au sens littéral et c'est cette partie qui m'a fait remonter ma note de 5 à 7/10.


La musique me mettait mal à l'aise initialement : bien qu'elle colle parfaitement au thème, à l'environnement, je trouvais qu'elle n'avait pas sa place pour emplir les scènes de la première partie, particulièrement lorsqu'il n'y avait aucun dialogue. Mais en même temps, elle reflétait bien le paradoxe de la rencontre humaine dans un monde que je dirais "iPhone-made", avec tous ces sons d'application, cette architecture zeno-contemporaine avec les chants d'oiseaux qui s'inscrivent au milieu d'infrastructures blanches coupées net.
Dans la deuxième partie, elle avait un aspect plus humain, accompagnait les scènes de façon plus fluide (dans le sens où on se laisse emporter sans voir que le morceau a débuté, je ne sais pas si vous voyez ce que je veux dire).


Concernant l'image, les jeux d'ombres et de lumière, de balance flou/net sont intéressants au début mais assez vite lassants et insensés. Certes le contraste bleu/rouge oppose la froideur d'un monde organisé, sans émotions à la chaleur des sentiments, de l'exaltation des sens, de la passion, du drame, heureux ou non ; mais les autres effets perdent de leur intérêt esthétique en donnant l'impression, par leur répétition, qu'ils sont un prétexte à une analyse photographique.


La scène d'amour m'a perturbée. L'image était douce (je veux dire, par le fait de filmer dans le noir) : elle ne réduisait pas ces amants à une sorte de régression à l'assouvissement d'un besoin animal (tel qu'il est perçu par leur société), mais ne reflétait pas vraiment la découverte mutuelle de l'existence du corps. Il manquait comme un aspect charnel, sensuel à la scène, qui au lieu d'une consécration, passe un peu comme une lettre à la poste.


Concernant les acteurs : j'apprécie beaucoup la prestation de Nicholas Hoult, simple et juste, ses yeux d'un bleu profond collant parfaitement à l'environnement de son personnage et reflétant une certaine ambivalence. Kristen Stewart est fidèle à elle-même, les traits tirés, comme si elle n'avait pas dormi 5 jours, elle m'a tout d'abord rebutée car j'avais l'impression de retrouver son jeu banal de Twilight (je conserve malgré moi cette représentation de l'actrice), mais par la suite, aidée par l'histoire, j'ai oublié l'actrice et vu le personnage déchiré.


La fin ouverte me semble un bon compromis, même si elle laisse totalement perplexe.


Globalement un bon film sur lequel il faut tout de même se montrer patient (j'ai réellement failli lâcher à 40 mn)...

helloo
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le 15 août 2016

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helloo

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