Passionnément, c'est aussi comme cela qu'aurait pu s'appeler le nouveau petit bijou de Pierre Godeau.


Le duo formé par le poète des temps modernes Guillaume Gallienne et la sulfureuse Adèle Exarchopoulos est remarquablement complémentaire, et puisque les personnages du film le sont aussi, l'alchimie est parfaite.


Guillaume Gallienne, Jean dans le film, est remarquable en gardien de prison honnête qui se retrouve (un peu malgré lui au départ) embarqué dans cette passion charnelle puisqu'il s'agit avant tout de ça (le lien intellectuel entre les deux protagonistes semblant beaucoup moins évident que le corporel !). On est d'abord touchés par sa sérénité, par sa gentillesse, par la force tranquille qu'il dégage. Soudain, c'est son envie, son envie de résister, son envie de céder, son envie d'elle qui nous atteint. Et puis finalement, c'est sa solitude, son sort, sa dure réalité qui nous émeut.


Adèle Exarchopoulos, Anna dans le film, est l'exact opposé du personnage de Jean. Au début timide, mystérieuse, insaisissable, elle apparaît rapidement dominatrice, sûre d'elle, déterminée, manipulatrice.
Je pense que c'est la dualité en même temps que la réunion de ces deux caractères, de ces deux être si différents qui fait la force du film. Ainsi, on suit avec engouement le jeu de l'alternance du pouvoir. Si Anna est évidemment inférieure à son amant de par son statut de détenue, on comprend bien vite que c'est en réalité elle qui mène la danse.


La question de la sincérité vient également titiller le spectateur tout au long du film. Est-elle une simple manipulatrice prête à tout pour arriver à ses fins ? Est-elle réellement amoureuse ? Etait-ce l'un à la base puis l'autre par la suite ?
A nouveau, la pureté, la spontanéité, la sincérité des émotions de Jean contrastent avec le lunatisme, l'impulsivité, l'hostilité d'Anna.


Je m'attarde principalement sur le duo principal car c'est à mon sens surtout grâce à celui ci que le film se regarde avec plaisir. Sur le plan de la réalisation, rien de bien fabuleux. Sur le plan du scénario, là encore il suffit d'avoir lu le livre Défense d'aimer de Florent Gonçalves ou d'avoir suivi le célèbre fait divers de L'appât pour le connaître. On retrouve également plusieurs scènes de la vie des détenues, façon Orange is the new black, où à part quelques vraies psychopathes, on se croirait plus dans High School Musical que dans Le Prophète.


Un bon film donc, simple mais efficace et surtout plein d'émotions.

JustineWind
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le 2 mars 2016

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Justine Wind

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