N’ayant jamais entendu parler d’Enemy Mine auparavant, sa découverte s’accompagnait d’une curiosité teintée d’excitation : Wolfgang Petersen aux commandes, l’ascendant Dennis Quaid à l’affiche, de la science-fiction enrobée dans l’écrin des années 80… ou des allures de pépite méconnue. J’osais même espérer un joyau à la Dark Crystal, qui s’était pour sa part magnifiquement illustré dans le registre de la fantasy : alors jackpot ou non ?
Non. Malgré quelques bonnes idées, c’est plutôt une soupe à la grimace que nous dégustons de dépit : car sitôt passée sa brève introduction dans le vide spatial, probante et efficace, l’escarmouche qui s’ensuivra aussitôt va nous cueillir fort maladroitement. À l’image du surjeu « impressionnant » de Dennis Quaid, certainement pas aidé par l’écriture (que nous devinons) rachitique de son personnage, c’est comme si le film mettait les pieds dans le plat avec tant d’entrain que la simplicité de son intrigue (préalablement contextualisée par la narration de Willis) se muait en criante infantilité.
La suite ne redressera pas la barre, quoique moins manichéenne dans son essence, mais pâtissant d’une prévisibilité telle que ses thématiques d’entraide et de tolérance feront chacune pschitt. Faute de secours malgré leur crash sur une planète proche de leur précédent affrontement, l’indigent Davidge et le sage Jareeba Shigan seront contraints de collaborer pour survivre… et pour les besoins du scénario, le drac faisant clairement une fleur à son sournois adversaire. Isolés au cœur d’un environnement hostile, les deux comparses donneront ainsi au film ses lettres de buddy movie typique, cousant avec davantage de fil blanc une trame s’éternisant.
Du moins jusqu’à ce qu’une tierce figure ne s’annonce, redistribuant ainsi les cartes : l’occasion pour Enemy Mine de faire montre d’un sérieux bienvenu… aussi court serait-il. Son dernier arc ne fera en ce sens pas de miracle, la séparation téléphonée de son nouveau duo puis l’effondrement simple et complet de sa cohérence (celui-ci allant au plus simple pour justifier les allers et venues de Davidge) avilissant ses maigres prétentions.
Ce qui, à l’image de ses effets pour le moins datés (la comparaison avec Star Wars fait tache), ses musiques oubliables et une envergure s’effondrant rapidement, entérine la faillite de ce long-métrage relativement confidentiel : un semblant de déception en somme.