Ah Disney…
Tant de talent, mais aussi tant de conventions…
…Des conventions tellement présentes ces derniers temps que j’en oublie parfois que Disney – au-delà d’être un javelliseur de franchises – est aussi (et toujours) un respectable producteur de films familiaux.
Alors oui – je le confesse – ça a été compliqué pour moi d’aller voir cet Encanto
…Et franchement ce film contient tellement de moments qui m’ont donné raison de rechigner à y aller que ç’en a été désespérant.


Qu’est-ce qu’il y a comme conventions chiantes dans cet Encanto ! C’est gavant…
A peine le film commence-t-il que j’ai déjà l’impression d’assister à un défilé d’obligations contractuelles plutôt qu’à la naissance d’un nouvel univers. Entre mise-en-avant des minorités, inversions des stéréotypes en tout genre et culture de l’harmonie entre les cultures et les communautés, Disney semble plus préoccupé de dérouler son catalogue politique que de construire véritablement une intrigue.
C’est confus, surchargé et en plus de ça, ça ne parvient même pas à se construire véritablement une identité.
Quand l’abuela déroule son mythe et son discours sur la famille j’entends le mythe et le discours de Coco.
Quand je vois Mirabel faire ses simagrées de fille forte mais maladroite, je vois et j’entends la Vaiana du film du même nom.
Puis quand cette même Mirabel se met soudainement à chanter, voilà que j’entends dans la seconde la Reine des Neiges (et Vaiana).
Et quand je me rends compte qu’il va surtout être question de rétablir l’harmonie dans la famille en réconciliant des sœurs et tout le tintouin, j’ai tout de suite dans mon esprit des réminiscences de Coco ET La Reine des Neiges ET Vaiana.


Tant d’efforts à prôner et afficher la diversité pour au final avoir cette impression d’uniformité et de clonage d’un film à l’autre, j’avoue que je trouve ça un brin paradoxal et passablement agaçant, surtout que sitôt vire-t-on tout ça qu’on aurait de quoi y trouver malgré tout son compte.
Parce qu’oui, au-delà des niaiseries politiquement correctes que ce film affiche à tout bout de champs, Encanto n’est pas pour autant dénué d’intérêt.
Sitôt le film daigne-t-il enfin installer une péripétie (il faut attendre une bonne demi-heure tout de même) que Disney rappelle tout de suite à son savoir-faire.
Dès que Mirabel se lance dans sa quête qu’un fil conducteur clair se déroule ; fil conducteur qui met soudainement en branle tout cet univers. Cheminant de personnage en personnage, de lieu en lieu, et d’événement passé en événement passé, tout se met soudainement à prendre vie.
Suffisamment clair et archétypal pour les plus jeunes, mais aussi suffisamment riche et subtil dans ses détails pour les plus gourmands, cet Encanto révèle alors tous les talents d’orfèvre qui ont été mobilisés pour qu’il puisse voir le jour et j’avoue qu’il est difficile pour moi de ne pas y être sensible…
… Et ça m’énerve encore plus.


Bah oui ça m’énerve !
Quand tu as un matériau comme ça tu le mets davantage en valeur ; tu ne le noies pas avec des personnages et des situations déjà vues mille fois dans un Disney.
C’est dingue tout le pouvoir créatif qu’ils gâchent chez ce bon vieil Oncle Walt !
Tant de verrous et de contraintes juste pour entretenir ad nauseam cet espèce d’idéal clinique et franchement un brin flippant.
Parce qu’autant j’ai pu me laisser aller à un certain plaisir quand Mirabel est partie à la recherche de son oncle disparu, autant chaque retour à la famille – chaque chanson ! – a été source de crispation.
…Et à ce niveau-là, le final a été assez insupportable.
Insupportable sur la forme. Même difficilement supportable sur le fond.
(Parce qu’à part être une ode au paternalisme bourgeois, qu’est-ce que ce conte franchement ?)


Ainsi, l’un dans l’autre, je n’ai certes pas passé un mauvais moment, mais je n’en ai pas passé un bon non plus…
Pour être plus exact je devrais plutôt dire que j’ai parfois passé de bons moments face à cet Encanto et parfois des mauvais.
Alors bon – comme tout le monde je pense – je vais prendre ce qu’il y a à prendre et laisser ce qu’il y a à laisser.
De toute façon ça a toujours été un peu ça la philosophie de chez Disney : la politique d’un conformisme bon teint, quelque soit le teint qu’il soit bon d’afficher sur l’instant.


Alors tant pis si cet Encanto est un petit peu Vaiana, Reine des Neiges et Coco
…L’important c’est qu’à la fin tout le monde soit heureux et qu’il fasse beau.
Que les choses changent donc sans vraiment changer…
…Il n’y a qu’ainsi que, pour Mickey, les vaches seront bien gardées.

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le 2 janv. 2022

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