The Perfect Storm

Wolfgang Petersen est un cinéaste allemand qui s'est fait connaître par l'impressionnant "Das Boot" avant de se faire happer par la grosse machine hollywoodienne. On y trouve alors chez Petersen du bon et du moins bon. "Air Force One" est, pour mon goût, moins bon que "En pleine tempête" …

Justement, parlons-en un peu de ce dernier film qui raconte l'histoire véridique de bateaux de pêche ou de plaisance aux prises avec une formidable tempête surnommée "The Perfect Storm" (titre original du film) mais aussi "la tempête de l'Halloween 1991".

Quand j'avais trouvé le DVD, j'avais hésité car je l'avais classé, in petto, dans le genre "film catastrophe" où le principe est (à peu près) toujours le même : on part d'une situation normale ou pseudo normale avec des gens de toutes sortes et de toutes conditions de façon à ce que le spectateur puisse, sans trop de peine, s'assimiler à l'un d'eux ; c'est aussi une façon de ramener tout le monde, au même niveau, dans la même merde qui ne peut manquer de survenir. Pendant au moins deux heures (c'est le tarif syndical), on glaglatte dans son fauteuil, verre de whisky (ou bière, suivant le standing) dans une main, l'autre étant occupée à fouailler le cornet de pop-corn (ou de frites, c'est selon). Puis, une fois au trente-sixième dessous (pas de mauvais jeu de mot, je vous prie), l'espoir renait et tout baigne. Les gens qui ne s'aimaient plus, s'aiment à nouveau, etc etc …

Et là, j'avoue que le film commence de la même façon. Sauf qu'on est dans un vase clos, le port de pêche de Gloucester (Massachusetts) et qu'on voit la vie ordinaire des pêcheurs et de leurs familles, les tensions entre eux, le patron qui veut toujours plus, l'épouse qui en a marre de sa rivale, la mer, bref, la routine. On est bien dans la logique du genre du film catastrophe.

C'est ensuite qu'on dévie et que le film prend une direction un peu particulière.

En effet, on se retrouve pendant une grande partie du film dans la description d'une lutte inégale des bateaux et de leurs équipages contre les éléments en furie. Principalement un bateau de pêche et un bateau de plaisance. Mais aussi les services de secours qui se lancent dans la bagarre avec des succès limités et qui sont à la peine.

Là, on est dans la vraie vie et non plus dans un scénario artificiel dont on se doute bien (au visionnage du nième film catastrophe) qu'il finira bien.

La mise en œuvre du film pendant la tempête est spectaculaire et me semble crédible. On imagine bien ce genre de situation dramatique décrite maintes et maintes fois dans la littérature comme chez Vercel, Loti, London et tant d'autres. L'homme est et reste peu de chose face à la nature en furie.

Bon, attention, hein, Hollywood n'est pas loin ! Car on n'hésite pas à en rajouter un (bon gros) poil dans l'héroïsme. Exemple, le gars, juché sur un mât alors que le bateau est dans des creux de vingt mètres avec un vent à décorner les bœufs, qui tient un chalumeau allumé à la main pour découper un câble, je demande un peu à voir. Bon, d'accord, c'est Georges Clooney à la manœuvre, alors, on ne va rien dire, hein ! Au fond, ce n'est pas parce que je ne suis pas capable de le faire, que ce n'est pas possible ! …

Au final, c'est un film catastrophe qui se démarque un peu du genre. On croit que tout va aller pour le mieux après avoir tremblé pendant toute la durée du film. On parie sur le devenir des personnages (comme dans un film catastrophe lambda) et on se plante lamentablement.

Par ailleurs, ce que j'ai, personnellement, apprécié dans ce film, c'est le bel hommage à ces "travailleurs de la mer" pour paraphraser un écrivain célèbre … On ne pouvait pas en attendre moins de la part du réalisateur de "Das Boot".