Tu crois qu'on est toujours amoureux ?

Les films ont cette force de montrer la complexité des relations entre les gens de manière plus au moins explicite. Certains nous laisserons de marbre, d'autres nous feront ressentir une note sensible et quelques-uns changeront totalement notre vision sur les relations. En Pleine Capture, c'est un peu des trois, une plongée dans le quotidien des plus quotidiens d'êtres humains totalement lambda aussi désorientés les uns que les autres.

L'atmosphère mélancolique est palpable, chaque personnage est en conflit avec lui-même ou l'un envers l'autre. Même celui qui ne semble n'avoir aucun soucis se voit être inclus dans ce cercle vicieux comme une mauvaise grippe que chacun se refile. Alors qu'elle est la solution, certains iront se morfondre sur leur sort tandis que d'autres essaieront un minimum de sortir de cette spirale infernale. Les passions d'antan s'envolent, les esprits se perdent dans une confusion identitaire, les protagonistes se cherchent sans vraiment vouloir se trouver. Les personnages sont nostalgiques d'eux-mêmes, des envies qu'ils avaient et des passions qui les maintenaient en vie.

Un concept fulgurant du film est le non-dit et toute sa contradiction. La relation entre Samuel et Franck est très clair, ils ne s'aiment pas et ils se le disent. Par contre, entre Mathilde et Franck c'est nettement plus implicite, ils s'aiment mais ne se le disent pas. L'invective sort très naturellement alors que la douceur tarde à se montrer. Certains préfèrent ne rien dire et découvrir naturellement, comme la relation ambigüe entre Constance et Lara alors que d'autres disent tout et de manière forcée comme l'on peut le remarquer dans l'excentricité de Lara. Mais faut-il vraiment tout dire ? Le film nous dit que oui sans pour autant en être totalement sûr.

Le film respire la vie, sa caméra s'acharne à vouloir extirper ne serait-ce qu'une once d'émotions et retranscrit à la perfection le chaos de l'esprit humain. On pourrait bien sûr lui reprocher ses quelques longueurs notamment dans la deuxième partie du film après la scène du dîner où l'impression de tourner en rond se fait grandement ressentir, mais l'on ne peut lui dénier son obstination à vouloir capter les relations dans leur plus simple apparat. La narration décousu renforce cette perte de repère et montre à quel point les personnages ont envie de recoudre les blessures de chacune de leur histoire.

Sur un tissu d'interrogations multiples, la question fondamentale que nous pose le film est que reste-t-il alors de nos envies profondes? Rien? Pas si sûr, car comme le résume parfaitement Mathilde : "Je ne sais pas".

AminSaad
8
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le 20 janv. 2023

Critique lue 25 fois

3 j'aime

Amin Saad

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