D'une humeur réservée, sans grande excitation à l'idée de visionner un énième opus consacré à ces créatures assoiffées de sang, que l'on nomme vampire, mes attentes envers "en attendant la nuit" étaient des plus modestes.

Les récits vampiriques élaborés au cours de ces dernières années m'avaient laissé une amère déception.

Bien que je sois un fervent admirateur de ces êtres nocturnes, la plupart des films traitant de cette thématique, sentent malheureusement, très souvent le réchauffer.

Il est indéniable que s'attaquer au mythe du vampire constitue un défi périlleux (hein Coppola). Car la dimension légendaire et onirique du vampire perdure depuis des siècles, tissée dans les fibres de la littérature, des légendes et, inévitablement, du septième art.

Les multiples déclinaisons déjà exploitées confèrent à toute nouvelle entreprise une nuance audacieuse, une entreprise risquée dont Céline Rouzet semble parfaitement consciente.

Pourtant, contre toute attente, lors de la séance, le film parvint à susciter mon intérêt, déjouant mes préjugés (je me dois de l'admettre, j'avais tort).

La réussite du métrage réside dans son choix audacieux de revisiter le sujet.

Plutôt que de perpétuer la mystique légende entourant les buveurs de sang, qui tant toujours plus vers la déshumanisation, la réalisatrice opte pour une approche inédite : humaniser le vampire.

Ce qui relevait autrefois de l'intangibles devient soudain tangible, le vampire est maintenant entouré d'une réalité humaine, tout en conservant un penchant délicat pour l'hémoglobine.

La force du film réside également dans son courage à confronter le vampire à notre société, en mettant l'accent sur la détresse de la différence.

La caméra de Céline Rouzet scrute la marginalité douloureuse d'un jeune adolescent, Philémon.

Ce jeune garçon, condamné à une souffrance atroce, se trouve confronté à l'ironie cruelle de la vie et de l'adolescence qui semblent se moquer de lui.

Ce malheureux petit vampire aspire à ressentir la chaleur bienfaisante du soleil sur sa peau froide, mais la différence qui le marque le rend impuissant face à cette quête.

La simple aspiration à être considéré comme "normal", demeure une chimère inaccessible pour lui.

Au-delà de cette approche novatrice, le film s'inscrit dans une réflexion plus vaste sur la société et ses préjugés.

Céline Rouzet, à travers son œuvre, nous invite à remettre en question nos perceptions, à nous confronter à la peur de la différence et à reconnaître l'humanité même là où nous ne l'attendrions pas.

La métamorphose du vampire en symbole de la marginalité offre une perspective poignante sur la condition humaine, dévoilant les douleurs et les aspirations universelles qui transcendent les frontières du surnaturel.

Anazazel
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le 27 janv. 2024

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