Un flot incessants de pensées me traverse l’esprit, embuée, de part ces lieux captés de l’extérieur, des variations sur les nuages, éclairant chaque monceau de cette traversée élégiaque.


Alexandre Sokourov est suivi dans une esthétique entièrement fondée sur un sentiment de tristesse, mélange de mélancolie persistante, guidant ses choix, face à son impuissance au cours des choses.
Visuel d’une image souvent décolorée, floue ou voilée dans des climats brouillées : nuage, neige, pluie, brumes, brouillards, eaux du fleuve ou de la mer, parfois saisis dans des surimpressions, des jeux de déformation optique et de ses choix sonores.


Au milieu de ce voyage, une voix se fait entendre, une voix d’homme qui revient de loin, d’un voyageur, une voix qui berce d’harmonie, une voix qui fait pleurer, qui doute et désespère, mais emplie de nobles sentiments.
Un unique flux de pensée et de sentiment ne peuvent décrire cette lente et longue méditation individuelle et historique.


Rendant hommage à la peinture, art qu’il juge noble, le dernier plan du film montre Alexandre Sokourov, de dos, contemplant et circulant aux milieux des tableaux, éclairés par une unique lueur fantomatique.
C’est par cette visite clandestine nocturne et fantastique que s’achève son périple, caressant avec les yeux la toile de Peter Saenredam « Place Sainte Marie » se concluant sur une incorporation
de la peinture par le film.


Un homme d’art, livrant du grand art.
Tout simplement beau et rêveur.
Elégie de la traversée, élégie de l’histoire, élégie de la vie.

DivinecomdiedeDante
10

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 14 août 2015

Critique lue 604 fois

7 j'aime

10 commentaires

Critique lue 604 fois

7
10

D'autres avis sur Élégie de la traversée

Élégie de la traversée
JanosValuska
8

Nostalgie de la lumière.

Sokurov raconte ce voyage nocturne à la première personne, entre la Russie et l’Europe, entre St Pétersbourg et Rotterdam, tente de nouer quelques liants entre ces deux pôles, quelque attraction, les...

le 16 mai 2015

8 j'aime

Élégie de la traversée
DivinecomdiedeDante
10

Oeuvre Divine

Un flot incessants de pensées me traverse l’esprit, embuée, de part ces lieux captés de l’extérieur, des variations sur les nuages, éclairant chaque monceau de cette traversée élégiaque. Alexandre...

le 14 août 2015

7 j'aime

10

Élégie de la traversée
Moizi
4

Un plus concret, s'il vous plaît

Je crois que je n'aime vraiment pas Sokourov, qu'est-ce-que ça peut m'ennuyer ce truc et ça dure à peine trois quarts d'heure... Faut sans doute une sensibilité particulière, mais pour moi ce type ne...

le 22 nov. 2015

3 j'aime

Du même critique

L'Échine du diable
DivinecomdiedeDante
9

Le mal n'est jamais là où on pense...

Guillermo Del Toro livre ici un subtil conte de terreur avec ce métrage emplie de suspens psychologique. Le film est profondément ancré dans l'histoire espagnole; ainsi, l'action se situe dans une...

le 30 oct. 2014

26 j'aime

Princesse Mononoké
DivinecomdiedeDante
10

Him'n'e Royal

Ancré dans la culture et mythologie japonaise, Mononoké fait s’entremêler une multitude de significations cachées et autres symbolismes religieux (notamment shintoïstes). Mais il n’est pas nécessaire...

le 26 janv. 2015

23 j'aime

2

Seven
DivinecomdiedeDante
8

Heureusement que le talent n'est pas un péché

Je n’avais, à ce jour, pas encore eu l’occasion de découvrir un film de David Fincher, soit juste ce qu’il faut pour revenir sur sa première collaboration avec Brad Pitt. Difficile en tout cas de...

le 22 nov. 2014

22 j'aime