Une scène de ce film est sublime de significations pour tous les jeunes artistes, quel qu’il soit. Ed est démoralisé, démotivé: les institutions religieuses qui produisent son légendaire "Plan 9" lui cassent les bijoux de famille au marteau-piqueur. Et puis, là, au coin du bistrot, Orson Welles tapi dans l'ombre. Ils causent, et le public se rappelle ce qu'Ed Wood découvre: Welles a eu les mêmes déconvenues que Wood. L'un des cinéastes les plus influents de tous les temps a eu des soucis identiques à celui qui est surnommé comme le pire réalisateur de tous les temps. Et puis, Welles lui dit: "ne laissez jamais personne contrecarrer votre vision" (citation sans doute inexacte) : "à quoi ça sert de réaliser les rêves des autres ?" (citation exacte !). Ça force la réflexion, non ? Je trouve ça tout bonnement admirable.
Ed Wood était un cinéaste qu'on ne peut considérer comme un autre. Il suscite la sympathie des uns, par rapport au caractère enfantin et insouciant de ses films mettant en scène des... vampires et des zombies ; il suscite aussi la mesquinerie des autres, toujours étonné que Bela Lugosi ait terminé sa carrière avec ce mec... A sa place, si je pouvais revenir en arrière, et bien j'aurais pas hésité une seconde à accepter encore. Vaux mieux tourner un navet avec un réalisateur qui vous respectait sincèrement que finir sa carrière sur un chef d’œuvre avec un réalisateur qui vous a embauché pour une fonction précise. Par ailleurs, Lugosi est incarné admirativement par un Martin Landeau habité.
"Ed Wood" est un régal absolu pour tout cinéphile qui se respecte, tout simplement. L'histoire est passionnante, et l'état d'esprit général est attendrissant. La bande que ce cinéaste a su se créer est magnifique d'errance et de défaite, une bande de vaincus à l'aspect horrifique et atypique dissimulant un mal-être au bord de l'absurde. Et lui-même, très attachant, joué par un Depp magistral, sur lequel Burton s'identifie. Ce qui en fait pour moi son meilleur film : Burtonien dans l'âme, à 100%. La Beauté de l’Échec. Un chef d’œuvre à pas manquer!

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le 28 janv. 2018

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Billy98

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