C’est la pleine lune à New-York. Elle tourneboule chacune et chacun. Les hommes sont des loups, ce qui plaît bien aux femmes. Loretta Castorini (Cher) est une charmante veuve de 37 ans, courtisée depuis un bout de temps par Johnny Cammareri (Danny Aiello), homme un peu indécis et timoré de 42 ans. Au restaurant, Johnny est enfin décidé à faire sa demande en mariage. Loretta n’est pas spécialement amoureuse, mais elle considère que Johnny est un bon parti. Elle exige que la demande soit faite dans les formes, pour conjurer le sort qui lui a retiré son premier mari, écrasé par un bus après seulement 2 ans de mariage.

Johnny est amené à retourner en Sicile au chevet de sa mère mourante. Le mariage est programmé un mois plus tard. Johnny prend un avion dans lequel une femme a pris place, une femme ayant volé son homme à sa sœur 40 ans auparavant. La voyageuse vient d’embarquer après avoir avoué à sa sœur qu’elle n’a jamais aimé l’homme en question. Alors, la sœur trahie a jeté un sort sur l’avion emprunté par Johnny. Loretta se défend en prétendant qu’elle ne croit pas aux sorts jetés ainsi. L’inconnue non plus !...

Johnny est parti un peu en catastrophe. Il a chargé Loretta d’inviter son jeune frère Ronny (Nicolas Cage) à leur mariage. Johnny a un frère ? Première nouvelle. Eh oui, Johnny et Ronny sont fâchés depuis 5 ans. Loretta va réaliser que Ronny est un homme blessé, aussi bien dans sa chair que dans son âme. Ouvrier-boulanger, Ronny dégage une certaine animalité, de la douceur, de la sensibilité à vif, une capacité à s’enflammer de manière très virile. Quelque chose d’assez différent de son frère. Surprise de Loretta qui ne sait pas trop comment s’y prendre avec lui.

Toujours est-il que l’invitation va trouver une réponse inattendue (en fonction de la tournure des événements). OK, je ne viendrai pas à ce mariage dit Ronny, si tu m’accompagnes à une représentation de la Bohème au Met. La Bohème c’est l’opéra de Puccini et le Met, c’est le Métropolitan Opéra de New-York, un lieu somptueux magnifiquement mis en valeur lors de quelques scènes où le côté comédie romantique flirte avec le cocasse de certaines confrontations imprévues. Parce qu’on va à l’opéra en couple, mais on tombe parfois sur des couples illégitimes… Situations bien embarrassantes qui provoquent d’inattendus marchandages.

Une comédie romantique qui a beaucoup de charme, en particulier parce que son réalisateur Norman Jewison y fait une description réjouissante du milieu italo-américain. Ainsi chez Les Castorini, ce sont 3 générations qui vivent sous le même toit. Tempéraments méditerranéens impulsifs, où certains regards en disent longs. On s’enflamme rapidement et on n’hésite pas à jouer un peu de la mauvaise foi. Cosmo (Vincent Gardenia) le père de Loretta est un radin qui travaille comme plombier. A ses clients, il recommande évidemment le matériel le plus coûteux. Mais quand il s’agit de faire des frais pour une réception de mariage, c’est une autre histoire. Le grand-père de Loretta sort régulièrement ses 5 chiens. C’est autour d’une tombe qu’il discute avec ceux de sa génération. Un soir, il croise Rose la mère de Loretta, accompagnée d’un homme qu’il n’a jamais vu…

Le film doit beaucoup à ses interprètes. On a beau savoir que son visage a subi nombre d’interventions de chirurgie esthétique, Cher passe merveilleusement bien, avec ses yeux de braise et ses cheveux longs bouclés où quelques mèches grises lui donnent une certaine fragilité. Un film à l’ambiance typique des années 80. Une esthétique visuelle immédiatement perceptible : de la belle image bien léchée, mais sans vulgarité. Ajoutons que la chanson « That’s amore » du crooner Dean Martin, qui accompagne les génériques de début et de fin, met une ambiance chaleureuse et enjouée que « La Bohème » viendra renforcer au cours du film. La description des milieux familiaux sonne parfaitement juste. Le film est touchant et bien rythmé. On s’amuse régulièrement et on peut noter que, contrairement aux impressions laissées par certains films de ces grands noms du cinéma que sont Francis Ford Coppola ou Martin Scorsese, eh bien non, les italo-américains ne sont pas tous des gangsters à la solde de la mafia !
Electron
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le 2 nov. 2012

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