Une suite attendue qui ne déçoit pas, on replonge avec plaisir dans l'univers fascinant et impitoyable d'Arrakis.

L'esthétique du film, forte et très référencée, se distingue par des choix radicaux, comme celui d'adopter le noir et blanc pour certaines séquences. Ces audaces chromatiques rajoutent à la singularité graphique du tableau si pâle voulu par Villeneuve. Dans la même logique, les costumes confèrent une personnalité très marquée à chaque faction quitte à tomber dans les stéréotypes, à l'instar des méchants Harkonen qui ressemblent tous à des adeptes d'une secte sado-maso.

La composition de Hans Zimmer est une véritable force motrice du métrage, avec ses sons stridents caractéristiques qui s'imbriquent parfaitement dans l'ambiance âpre et ésotérique de l'univers Dunien et qui donnent de la force aux climax. La scène du rodéo sur le ver des sables notamment gagne en intensité. La musique est hélas l'un des rares leviers utilisés par Villeneuve pour donner du relief à son aventure.

Le scénario met l'accent sur une lecture religieuse des événements, explorant les mécanismes complexes de croyance et de pouvoir. Cette approche apporte une profondeur philosophique intéressante mais tend à éclipser d'autres éléments importants de l'écosystème imaginé par Frank Herbert, tels que le rôle majeur joué par les divers entités qui régissent l'empire galactique comme la guilde de commerce. Malgré la longueur de ce diptyque par rapport à la version de David Lynch, Villeneuve n'est pas parvenu à traiter toutes les dimensions de l'oeuvre originale.

Les coups de mou dans le rythme de l'aventure sont atténués par l'atmosphère mystique générale qui nous maintient absorbé tout au long du film. La réalisation si froide de Villeneuve manque malheureusement toujours autant d'incarnation et de viscéralité lors des moments forts, ce qui ne permet pas au film de susciter suffisamment d'émotion.

Certaines séquences clefs auraient mérité plus d'ampleur, c'est le cas de la courte bataille finale qui, bien que spectaculaire, s'avère décevante dans son exécution. Elle semble vraiment avoir été expédiée par le réalisateur qui n'est pas très à l'aise avec la dimension épique de son épopée. En témoigne le duel bâclé entre Gurney Halleck et Rabban, aussi grotesque que ce dernier. Néanmoins, les scènes de guérillas désertiques sont crédibles et maîtrisées.

Malgré mes réserves, que je mets en partie sur le compte de mon exigence en ce qui concerne Dune, ce 2e volet s'avère globalement réussi et reste bien au dessus de la majorité des blockbusters actuels. On ressort de cette expérience mystique et cinématographique en espérant la suite comme le messie !

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le 3 mars 2024

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archibal

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