Dumbo
5.8
Dumbo

Film de Tim Burton (2019)

Malgré tout l'amour que je porte à l'univers Disney, j'avoue que l'idée de « réinventer » (si seulement c'était le cas, en plus) des dessins animés en live action me laisse sceptique depuis le début. C'est vrai, pourquoi après tout ? Quelle est l'utilité de reprendre des histoires cultes de notre enfance pour en faire des versions souvent bien moins appréciables que les originales ? Aucune me direz-vous. Le massacre de la belle et la bête en 2017 m'avait pourtant donné une bonne leçon. J'avais voulu donner sa chance au concept, j'étais toute emballée de pouvoir redécouvrir un tel chef d’œuvre au cinéma, et voir ce que ce fameux live action pouvait apporter de neuf dans le scénario ou de créatif visuellement. Mais il n'en fut rien. Je me suis juste bien marrée pendant 2h tellement le ridicule finissait par prendre le pas sur absolument tout le reste. Et après j'ai vu le Cendrillon de 2015 à la télé et pour le coup j'avais davantage envie de pleurer de désespoir que de rigoler cette fois-ci (sérieusement Disney, respectez-vous un minimum).


Alors oui, on pourrait finir par se dire que Disney et son monde enchanté, tout ça n'est plus qu'une immense machine à pomper le cash des gens. Mais ! Au fond, on sait que c'est le cas, mais on reste accroché à cet univers parce qu'il nous est cher, un peu comme un vieil ami avec lequel on ne se trouve plus vraiment affinités, mais qu'on n'abandonne pas, parce qu'on repense à tous les bons moments qu'on a passé avec lui. On se dit que peut-être, peut-être, tout pourra redevenir comme avant.


Et puis Disney sort un nouveau film en collaboration avec une autre de vos idoles : Tim Burton. Un cinéaste qui parle à beaucoup de gens de par son originalité, sa folie. Qu'on aime ou qu'on déteste, c'est un euphémisme de dire qu'il a révolutionné le cinéma à sa manière en créant tout un monde, voire un genre « burtonien » à part entière. Au fond, c'est un artiste, un vrai, dont les films s'assimilent à des tableaux tant folkloriques que macabres. Mais le mythe finit toujours par s’essouffler, et dans son cas, l'essoufleuse est apparue en la personne d'Alice au pays des merveilles. À partir de ce film là, même les fans les plus hard core ne pourront nier que le côté atypique de son univers a commencé à s'essouffler. Tim Burton est un peu devenu une marque, à l'image de Disney. Autrefois il avait quelque choser à dire, et il l'a dit. Maintenant, on peut craindre que le nom « Burton » inscrit sur l'affiche d'un film ne soit plus qu'une vaste supercherie destinée à faire le maximum d'entrées.


Pour autant, tout ce pessimisme (enfin « réalisme » serait plus exact) ne nous empêche pas forcément de continuer d'y croire. Regardez, moi par exemple. Je suis allée voir Dumbo. Eh oui. J'ai détesté La Belle et la Bête, j'ai convulsé devant Cendrillon (on était à deux doigts de faire intervenir Dr House), et je ne compte sûrement pas aller voir Aladdin ou Le Roi Lion (j'ai mes limites quand même). Comme beaucoup, je suis hyper clairvoyante sur la tournure qu'a pris le cheminement artistique de Tim Burton ; des films plus lisses et plus commerciaux qu'avant. Mais est-ce qu'on doit vraiment le laisser tomber pour autant ? Après tout, il ne fait jamais que le nécessaire pour continuer de briller, se fondre dans la masse, quitte à enfouir une partie de son identité derrière le cahier des charges Disney. Il fait ce qu'on lui incombe en fait, en essayant de répondre à la demande actuelle. Des intrigues plus grand public, des personnages plus simplistes. Il évolue avec son temps tout simplement, on ne peut pas vraiment lui reprocher de se renouveller un peu, de lâcher quelque peu le dark et le glauque pour aller vers quelque chose de certes, plus impersonnel, mais qui du moins, plaira au plus grand nombre.
Alors qu'est ce que ça nous coûte d'essayer quand-même franchement ? Malgré la crainte qu'on peut avoir de ne pas retrouver la patte Burton, qu'est ce qu'on risque au final ? Au pire, de voir notre opinion se confirmer, et assister à un sympathique un classique de chez Disney ; et au mieux, d'être agréablement surpris de retrouver cette petite parenthèse de folie, ce grain de magie burtonienne, même s'il est assez bien caché.


Alors venons-en au fait (oui oui, j'y arrive).


Tim Burton est connu pour ça, il comprend les incompris. Une histoire comme celle de Dumbo semblait donc être parfaitement taillée pour lui. Mais de là dire que c'est un film « sorti de l'imagination de Tim Burton » comme les équipes marketing aiment le dire, peut-être pas non plus. Est-ce qu'on doit s'attendre à du gore, de l'étrange, du cauchemardesque ? Non plus. En revanche, et à notre grande surprise on peut s'attendre à du mignon, de la douceur (absence quasi-totale de violence), et des bons sentiments.


En gros, attendez-vous à du Disney, et pas vraiment à du Burton, à proprement parler.


Je ne crois pas que ça se prenne trop au sérieux au final. C'est assez gentillet, la musique est très belle, et visuellement c'est irréprochable. Après, pour ce qui est de l'histoire, c'est sympa (pour tout vous dire que je ne me suis pas ennuyée une seule seconde, même beaucoup moins que devant le dernier Xavier Dolan), si toutefois on n'a pas trop d'attentes niveau développement scénaristique. Il est clair qu'il ne faut pas non plus vous attendre à un chef d’œuvre de créativité, mais le renouveau, lui, est au rendez-vous, du moins en ce qui concerne Tim Burton. Il sort clairement de sa zone de confort avec un film comme Dumbo, et délaisse l'horrifique pour travailler davantage le rêve, l'espoir.
On pourra peut-être un peu regretter le manque de développement personnel des protagonistes (qui sont caricaturaux, certes, mais je pense que ce doit être l'effet recherché, histoire de mettre vraiment l'accent sur le visuel, le merveilleux dans sa globalité - les éléphants sont vraiment magnifiques au passage, très expressifs).


En clair, Dumbo 2019 n'est pas franchement un film pour adultes, et ça, je pense que personne ne s'y attend vraiment au vu de l'étiquette Burton (pour illustrer, dans la salle où je l'ai vu, il n'y avait que des adultes ; et pourtant, c'était un samedi soir). On comprend bien que l'adjectif burtonien sert surtout ici un objectif marketing, destiné à attirer un public de tous âges. Mais est ce vraiment un problème après tout? Ne vaut il mieux pas apprécier de passer un bon moment en retrouvant son âme d'enfant, plutôt que de voir le mal partout et de se dire que "ouais Tim Burton c'était mieux dans les années 80 et nieu nieu nieu" ?


Dumbo est un film qui fait du bien, tout simplement. C'est une petite bouffée d'air frais toute mignonne, et même assez drôle par moments, qu'il faut aller voir sans pression, histoire d'oublier le monde extérieur l'espace d'un instant, sinon par pure nostalgie. Je me suis retrouvée avec un vrai sourire béat accroché aux lèvres pendant tout le film, et ça, c'est suffisamment rare pour être souligné.


Est-ce qu'on y retrouve du pur Tim Burton ? Pour les spécialistes du genre, je dirais que pas vraiment, mais à défaut, on retrouve un peu de son enfance, et ça, c'est déjà beaucoup.


P.S : Ah oui et on retrouve Colin Farrell aussi. Et perso, je manque relativement d'objectivité quand il y a Colin Farrell dans un film. Juste un peu.

TheHolyMood
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste Les meilleurs films de Tim Burton

Créée

le 31 mars 2019

Critique lue 288 fois

4 j'aime

2 commentaires

TheHolyMood

Écrit par

Critique lue 288 fois

4
2

D'autres avis sur Dumbo

Dumbo
Behind_the_Mask
7

Lézard du spectacle

S'emparer d'un grand classique tel que Dumbo avait tout du sacrilège et de l'outrage. Comme d'hab' pour beaucoup dès lors qu'il s'agit de revisiter le patrimoine. L'enjeu était donc ailleurs, et de...

le 30 mars 2019

50 j'aime

10

Dumbo
Theloma
5

Trois petits tours et puis s'envole

En s'attaquant à une nouvelle adaptation du célèbre dessin animé des studios Disney, Tim Burton n'avait pas la tâche facile. Car si le personnage de Dumbo a toujours suscité une sympathie quasi...

le 28 mars 2019

35 j'aime

14

Dumbo
EricDebarnot
6

Elephant man

Finalement, c'est toujours bien quand on n'a absolument rien à attendre d'un film… Cette version "filmée" (si l'on ose dire car une grande partie du film est évidemment le résultat d'un gros travail...

le 1 avr. 2019

34 j'aime

4

Du même critique

Le Retour de la Momie
TheHolyMood
7

Souvenirs, souvenirs

Il y a des films comme ça qui nous marquent sans qu'on arrive vraiment à expliquer pourquoi. On ne peut pas dire que celui-ci soit un « grand film » (je n'aime pas trop ce terme un peu...

le 19 juil. 2018

11 j'aime

2

Là-haut
TheHolyMood
9

Our hopes and dreams are out there somewhere

Parce que oui, il m'arrive de découvrir des Disney bien après leur sortie. Et alors, tu vas faire quoi ? Désolée, je m'égare dès le début de cette critique, mais il faut me comprendre, comment...

le 19 août 2019

10 j'aime

2

Toy Story 4
TheHolyMood
6

Le jour où Woody fut libéré délivré

Disclaimer (comme disent les youtubeuses) : Entant que très grande fan de Toy Story, je ne donne ici qu'un avis parmi tant d'autres, absolument subjectif, et qui ne fait en aucun cas figure de...

le 9 juil. 2019

8 j'aime

2