Droit de passage est ce qu'on appelle un film choral, à savoir plusieurs personnages, pas forcément liés, qui ont tous pour trait commun l'immigration au sein de la ville de Los Angeles. A savoir Harrison Ford qui joue un policier qui travaille dans une section dédiée, un procureur qui exploite une jeune femme d'origine Australienne afin qu'elle obtienne la fameuse carte verte, une famille d'origine arabe qui doit choisir quels membres expulser afin que les autres puissent rester dans le pays...


C'est un film qui a eu toutes les galères du monde à se monter, car il a été produit par Harvey Weinstein, qui a refusé le premier montage de 140 minutes du réalisateur. Devant le refus de ce dernier de réduire la durée, Weinstein va ainsi couper plus de 30 minutes, toute une intrigue consacrée à un policier que jouait Sean Penn, totalement absent de la version vue en salles, et bazarder le film en salles, deux ans après le tournage, ce qui le conduira évidemment à un bide total, et la carrière de Wayne Kramer qui ne s'en remettra probablement jamais, avec un seul film réalisé depuis Droit de passage.


C'est dommage, car le film n'est pas sans intérêt, montrant l'aspect parfois dégoutant que l'obtention d'une carte verte synonyme de sésame pour vivre en Amérique, mais on sent vraiment que la partie avec Harrison Ford est moralisatrice au possible, où celui-ci a un remord pour une femme d'origine mexicaine qui est expulsée, ou alors ce très bon acteur de second rôle qu'est Cliff Curtis, qui veut se venger sur des bandits d'origine asiatique. On retrouve aussi Ray Liotta, qui joue un procureur, et qui va avoir une histoire purement sexuelle avec une jeune femme, Alice Eve, à condition qu'elle couche avec lui, et ce durant des semaines et des semaines jusqu'à ce qu'il lui obtienne la carte verte, ce qui va la répugner à un point tel qu'elle fonce à chaque fois se doucher une heure pour se débarrasser de toute présence de ce type. Quant à la partie avec les personnages arabes qui doivent en quelque sorte sacrifier plusieurs d'entre eux, c'est sans nul doute la plus intéressante, mais c'est dommage qu'elle soit aussi peu développée.
La réalisation de Wayne Kramer se veut efficace, avec une très bonne scène de braquage dans une supérette, mais là aussi, une certaine tendance à la caméra mobile qui font que ça donne mal à la tête.


Il faut dire que Droit de passage est aujourd'hui un film totalement oublié ; disparition de Weinstein ou non, cela m'étonnerait qu'on ait droit un jour à une version intégrale. C'est dommage, car avec La peur au vente ou (surtout) Lady Chance, Wayne Kramer montrait des qualités d'écriture et de mise en scène. Là, c'est un réalisateur qui a été complètement broyé par le système.

Boubakar
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le 16 avr. 2020

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