Gosling et Winding Refn. Sérieux. C'est un peu comme les bisounours et Rob Zombie.

Côté droit Gosling, le gendre idéal : le mec est pas trop beau, tu l'imagines pas en train de culbuter tout ce qui passe, le brave gars par excellence. Essaye de l'imaginer en pédobear ou en fétichiste du pied, si tu y parviens c'est que tu as une imagination d'une force à te gagner des prix ou que tu es juste franchement très malsain(e). Ryan Gosling, dès que tu le vois aller un peu, c'est réglé, tu sais que t'es en présence du bon gars. Alors le mystère, c'était comment faire de ce mec une menace à l'écran. Sérieux. Quand tu vois la bande annonce, si tu es du genre à croire les bandes annonces, tu crois à Fast and furious. Mais pour la peine, Vin Diesel malgré ou grâce à son air de primate tondu, tu peux croire que le type est prêt à te taper comme ça, pour le fun. Gosling au pire, tu t'attends à ce qu'il essaye de te taxer une clope en te faisant un sourire.

Côté gauche, Winding Refn, monsieur "Je m'en bat de vos attentes". Monsieur "Mais-comment-ce-mec-a-trouvé-son-financement ?" (d'ailleurs regarde la liste des producteurs au début du film, ça file le vertige). Un type dont t'as aucun doute qu'il va te filer de la violence froide et de la poésie. D'ailleurs, est-ce qu'il file la violence pour s'excuser de la poésie, ou c'est l'inverse ? Si je n'ai vu de lui que Valhalla Rising, je peux supposer qu'il y a des deux. En tout cas, ses films n'ont rien à dire mais beaucoup à communiquer.


Le mix des deux, c'était sûr qu'on partait pour un truc raté et ennuyeux ou pour un truc spécial. Banco, encore un film "pas aimable" de la part du monsieur.


Ryan Gosling joue le rôle que n'aurait pas pu jouer Diesel : il a une carrure de pilote et pas d'orang-outan, tout passe par ses expressions et par son regard et non par des répliques de maternelle, la majorité des trucs sont donc très intériorisés. Ça aurait pu grave merder, pour les raisons citées ci-dessus, mais ça marche parfaitement. Gosling a l'air sérieux tout du long. Pas menaçant - du moins pas avant que ça explose dans sa petite tête - mais sérieux, du genre que tu prends au sérieux. Et le long travail préparatif porte fruit quand la vapeur monte, tu t'attends à ce qu'il découpe des gens dans sa cave.

Comme l'autre fois, WR fait monter la pression assez pour que tu sois dans tes gardes quand il se sert des codes du genre : quand le mec vient faire sa reconnaissance, tu t'attends à un délire du genre Scarface à la fin avec le fusil automatique. Puis à ce qu'un ou deux types se fassent rouler sur la gueule. Et bien non. Et la scène dans l'ascenseur, toi je sais pas, mais moi dans la salle les gens se sont grave fait avoir.

En face la fille qui joue la fille le fait bien, avec juste ce qu'il faut de mignognerie pour avoir filer de lui filer un câlin. Jamais l'adultère n'aura été aussi facile (et lourd de conséquences). Juste pour rire, imagine Monica Bellucci dans le même rôle. Lourd. L'autre fille, là, dont les gens la présentent en disant qu'elle a joué dans Mad Men mais que je crois qu'il faut surtout présenter comme celle dont on filme grave le cul pendant quelques scènes de fou, fait bien son boulot. T'as juste pitié d'elle, catégorie "Ma pauvre fille".

Pour finir, les méchants remplissent leur rôle.


En fait ce film, c'est un western avec six ou sept personnages. Prévisible mais magnétique. Dans le ton de Valhalla Rising (lire : pas aimable, qui va emmerder profondément les mecs qui gobent des pilules ou qui n'aiment pas les livres mais qui justifie le prix de son billet parce que ce n'est pas que du remplissage), mais avec un contexte bien à lui. Une fois de plus, des dialogues minimaux, c'est presque une blague vu que le personnage principal ne répond pas avec des mots deux fois sur trois quand on lui parle mais c'était mieux pour éviter que Gosling ne trimballe son perpétuel air sympa.

Encore un film que j'ai adoré mais qu'il s'avère difficile à recommander. Plein de gens ne vont pas l'aimer et vont vouloir convaincre les autres que c'est pas eux mais le film. Tiens, la phrase pivot du film, du personnage principal à un gamin de cinq, six ans : "Toi, comment tu fais pour reconnaître un méchant ?"

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le 21 sept. 2011

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zeugme

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