Quel que soit notre rapport au Cinéma, de l'amour d'un art à la "simple" consommation de shoots de plaisirs éphémères, les affiches de films font partie intégrante de notre expérience. Elles recouvrent les murs de nos cavernes de Platon favorites et siègent sur nos étagères de collectionneurs. Même à l'heure de la dématérialisation, les designers d'interface continuent à penser les contenus comme des objets virtuels à "palper" par écrans interposés.


Drew Struzan fait partie de cette poignée d'artistes qui ont marqué ce pan de l'industrie aux côtés des John Alvin, Saul Bass et autres Roger Kastel. Ce que j'aime dans ses dessins, c'est leur capacité à capturer des "impressions". Des perspectives improbables, des proportions exagérées, des protagonistes quasi caricaturés... Ils ne représentent pas la réalité des films, mais parviennent brillamment à saisir leur essence.


Ce documentaire commence de la meilleure des façons. Nous voyons le maître à l'oeuvre en pleine reconstitution de l'affiche de La Menace Fantôme. Les qualités du film sont évidemment discutables, mais je reste bien fan du visuel. Profitez-en bien, car il s'agira du seul passage où on le verra vraiment en action. Le film surfe davantage sur son parcours et surtout sur son super-méga-génialisimme portfolio qui éveille immanquablement un sentiment de nostalgie.


Retour vers le futur, Blade Runner, Fievel et le Nouveau Monde, Un prince à New York, E.T. ,Harry Potter, Star Wars, Big Trouble in Little China... Les oeuvres s'enchaînent et sont parfois accompagnées de savoureuses anecdotes. Je pense par exemple à l'affiche de The Thing - l'une des plus réussies des 80's selon moi - qu'il a dessiné en une minuscule soirée, au point que l'encre n'était pas encore tout à fait séchée lorsque le coursier est venu la récupérer le lendemain. Nous mesurons ainsi tout le talent de l'artiste au travers de la découverte des contraintes de l'impossible auquel il a été confronté.


Par certains moments, le tableau parait presque trop reluisant; mais c'est davantage imputé à un petit problème de construction. On l'érige sur un piédestal avant de présenter le fruit de son travail, preuve vivante que ces éloges sont finalement bien justifiés. Comme à l'accoutumés avec ce genre de "docu-hommage", les témoignages débordent d'enthousiasmes, mais reste légèrement inégaux. Je n’ai rien contre Michael J. Fox, mais je me demande bien ce qu'il fait là tellement ses commentaires sont creux. À l'opposé, de grands noms réussissent à poser des mots très justes sur l'homme et son oeuvre. On sent ainsi un profond respect de Lucas et surtout de Del Toro qui s'est vainement battu pour imposer ses affiches à ses producteurs.


Le dernier acte évoquant son passage à la retraite est particulièrement intéressant. Oui c'est évidemment regrettable de voir un artisan de son calibre quitter le milieu, mais d'un autre côté on mesure à quel point il s'agit d'une vraie libération pour Struzan. Le "faiseur" laisse enfin place à l'Artiste et c'est assez édifiant de voir ses nouvelles oeuvres s'affranchir des contraintes qui ont toujours "emprisonné" sa créativité. Finalement, en le voyant avec la banane en train de montrer ses magnifiques nouvelles peintures, on se dit que sa retraite est plus que méritée.


À recommander pour tous les "amoureux" de son oeuvre !

GigaHeartz
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le 25 juil. 2016

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