À chacun sa drogue pour supporter son quotidien. Au delà des plus évidentes, il y a le sport, le sexe ou le chocolat même si on le dit pas. Mais plus elle est hardcore plus elle provoque de déséquilibre psychologique ce qui vous réduit à vous rabaisser plus bas que terre. Si certains ouvriers ont le vice dans le cul à attaquer la bière dès 6 heures du matin, d’autres ne peuvent pas s’empêcher de se pignoler sur du Gonzo. Ils ont toujours la même excuse, du genre « c’était juste histoire de me détendre, j’arrête quand je veux » mais ils ne peuvent pas. Et puis quelque part ça les rassurent dans leur solitude, ce qui va avoir pour effet d’accentuer le phénomène d’isolement, leur frustration et leur mal-être. À la longue, le porno c’est comme le bédo, c’est sympa mais ça fait moins d’effet, il faut passer à quelque chose de plus fort, de plus sensationnel. Ça commence par un threesome avec un autre homme et ça finit en gangbang, bukkake à quatre pattes en jouant les réceptacles après avoir sniffer des poppers. C’est comme toi cher nanarophile déviant fan de Trashsploitation, ce sont les mêmes raisons qui t’ont conduit à venir lire ma chronique et à aimer ce type de cinéma. Plus c’est hardcore, mieux s’est, pourvu que le film transgresse la moralité et le wokisme bien pensant. Et vous finissez comme moi par acheter des films gores au prix fort ou bien à regarder des documentaires du type Face à la Mort. De l’autre côté, les quarantenaires quittent leur bonne femme, font leur coming-out en s’enfonçant des plugs annales en face time sur le chat Coco, et les toxicos se farcissent les veines d’une saloperie les privant peu à peu de toute leur humanité. Le point commun entre tous ces gens ? C’est que l’on fini tous par vénérer le Sheitan.


Dreaming Purple Neon a le mérite de ne pas perdre de temps en tergiversations inutiles et rentre direct dedans par un interrogatoire musclé couplé à des dialogues orduriers à grand renfort de « fuck », « motherfucker » « son of bitch » et autres noms d’oiseaux américains avant de son conclure par un festival de balles à bout portant. La mise en scène fauché, les éclairages flashy aux néons, l’image sale et saturé, les flingues dorées, les gangsters afros jurant comme des charretier et fringués comme dans les années 80 participent à renforcer ce délire « grindhouse » que cherche justement à ressusciter le réalisateur. La filmographie de Todd Sheets demeure d’ailleurs inédite dans nos contrées hormis son très z Clownado dont le seul argument tient à sa tempête de clowns tueurs, même si ce dernier œuvre depuis longtemps dans le splatter underground. Qui aurait pu deviner qu’un cabinet de dentiste lui donnerai l’idée d’une maison des sévices servant aux rites d’un culte sataniste faisant transiter l’essence du diable dans une nouvelle drogue hallucinogène aussi fluo que la substance du Dr Herbert West dans Reanimator. Et dans ce cas présent, on peut vraisemblablement parler de bad trip infernal. Le groupe de survivant naïf et stéréotypés au possible ne servira que de chair à équarrir parmi les étages labyrinthes d’un sous-sol de l’enfer digne des expérimentations de Lucio Fulci et Olaf Ittenbach.


Tout du long, nous sommes baladés d’une pièce à une autre à la manière d’un train fantôme, où il n’est pas rare de croiser des zombies entrain de copuler, des hommes troncs, araignées humaines, et autres créatures purulentes et protéiformes. Chaque pièce visité est un véritable cabinet des curiosités remplit de props et d’indices disséminés visant à rallonger le calvaire des survivants comme ce dealer agonisant sous l’effet d’une foreuse dans le caleçon. La mort n’y est jamais douce et reposante, elle ne peut résulter que d’une lente et terrible agonie, accoucher des pires souffrances et déformations organiques. Les affrontements se soldent dans des corps à corps extrêmement brutaux, par des éviscérations, des lames qui pénètrent la chair, des démembrements à la hache bien moyenâgeuse délivrant des flots de sang. Tout ce qui précède ne vise qu’à nous préparer à une horreur toujours plus répugnante que la précédente dans un carnaval d’âmes damnés, des tortures, des sacrifices humains, et des orgies de sexe. Un bel étalage de barbaque incessant garnis de viscère et d’intestins dont se repaissent ces satanistes affamés emmené par une reine démoniaque aux tétons aussi pointus que les cornes du diable. Le but de ce festin sanguinolent et pantagruélique ? Ressusciter l’antéchrist et faire naître une nouvelle ère de ténèbres sur le monde. Le réalisateur tire peut-être un peu trop sur la corde  ; ou sur le pétard c’est selon ; en résulte un film un chouïa trop long mais qui ne manque en revanche pas de générosité dans ces débordements outranciers et ses effets spéciaux qui ont clairement dût faire exploser le budget. Comme tout addict, Todd Sheets aura oublier un élément primordiale : le juste équilibre. Un bémol contrebalancé par un second degrés appréciable et une fin délicieusement nihiliste. Aiguisez votre opinel et préparez-vous à affronter l’enfer au côté de Gene Simmons. HELL YEAH !

Le-Roy-du-Bis
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le 1 févr. 2024

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