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Difficilement identifiable, laborieusement écoutable, que retenir du nouveau projet d’Olivier Assayas ?


Olivier Assayas, réalisateur français, n’en est plus à son coup d’essai. Doté d’une filmographie bien remplie, il présente sa nouvelle proposition “Doubles vies” dès l’ouverture de l’année 2019. Un projet alléchant sur le papier : Guillaume Canet et Juliette Binoche à l’affiche que l’on connaît très bien, accompagné d’un comédien de plus en plus en vue dans le paysage cinématographique français – Vincent Macaigne, suivi de Nora Hamzawi qui compose la quatrième roue du carrosse.


Difficile de se mettre quelques choses sous la dent pendant le visionnage. Le réalisateur se suffit à filmer les deux duos à travers des dialogues de bobo intellectuels qui ne sont que le miroir d’une masturbation intellectuelle qui dépasse un public en attente. Assayas le dit lui-même dans un entretien accordé à Arte, en écrivant son scénario, il n’avait pas la moindre idée d’où il allait. C’est là le problème : l’enchaînement de longues séquences aux dialogues surfaits et théâtraux ne crée pas un film qui a pour but de raconter quelque chose. Il n’y a qu’à lire le synopsis du film où la dernière phrase, après projection, pourrait paraître comme mensongère :
“Les relations entre les deux couples, plus entrelacées qu’il n’y paraît, vont se compliquer.”


A aucun moment, il n’est sujet d’une certaine complication et d’enjeux primordiaux qui vont créer une narration. L’absence de mise en scène est manifeste quand les seuls mouvements de caméras ne sont que des champs / contre-champs parmi des blocs de situations se reliant très mal. En quelques mots, le nouveau film d’Assayas se résume à cela si ce n’est qu’il parvient à intéresser dans la manière de questionnement du spectateur se posant la question “où essaye-t-on de m’emmener”. Les milliers de mots débités par les protagonistes robotisés par un langage plus que formaté n’auront de conséquence qu’un léger souvenir d’une approche thématique sur le changement au numérique à défaut du papier dans le monde de l’édition. Car on en parle, les livres ne sont plus lus et le format numérique ou audio est en expansion. Et alors ? Pourtant bien ancré dans chacune des lignes du scénario, la démarche semble bien passer à l’arrière-plan tant son évocation au coeur du film est insondable. Il y a-t-il une quelconque dénonciation, un principe de développement à venir ? Non.


Doubles Vies, ça parle beaucoup… D’ailleurs ça parle de quoi ? Un propriétaire d’une maison d’édition refuse à une connaissance/un ami de longue de date la publication de son roman. D’un autre côté, la femme de l’éditeur a eu une relation avec le romancier, tandis que l’éditeur en a une avec sa collègue. Au cours de repas entre amis, ils bavardent beaucoup sur le changement des livres papiers au numérique. Entre ça, les problèmes de couples ne font ni chaud ni froid mais sont là. Attention : tout ceci n’aura aucune affection au “récit” (il y a-t-il un récit ?) du film. Pour reprendre, Doubles Vies ça parle beaucoup mais çe ne parle de rien.


Bien que l’ennui ne s’installe pas, l’oeuvre pourrait se regarder les yeux fermés tel un audio book. L’image n’est que secondaire dans tout ce flot de mots qui sonne récitation de premier de la classe. Difficile de trouver des choses à sauver dans cet élitisme peu accessible si ce n’est quand l’auteur se perd entre fiction et réalité. En soit ce n’est pas réellement mauvais, c’est un essai non réussi d’un film qui se veut débat ou discussions de copinage et qui n’a pas sa place au cinéma, car il ne nécessite aucune autre attention que l’écoute.


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Burnham
4
Écrit par

Créée

le 2 sept. 2019

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Burnham

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