Double Date
6.3
Double Date

Film de Benjamin Barfoot (2017)

Une fois de plus, je vais vous parler aujourd’hui d’un film que personne ne connait. Ça s’appelle Double Date, c’est anglais, c’est sorti en 2017, et ça a pas mal bourlingué en festivals. Malheureusement, ce n’est pas sorti chez nous, pas même en DTV, et je ne comprends toujours pas la politique de nos chers distributeurs qui une fois de plus préfèrent zapper ce genre de petites bobines qui ne paie pas de mine pour sortir une énième série B voire Z avec une ancienne gloire hollywoodienne sur le déclin (et elles sont nombreuses). Mais bref, là n’est pas le sujet. Le sujet, c’est Double Date, sorte de croisement improbable entre la comédie romantique, le cinéma horrifique, mâtiné de buddy movie, le tout à la sauce british. Mais surtout, c’est vachement bien.


Passé le générique d’intro absolument génial, alternant noms du casting/équipe technique et dessins vintages, rythmé par le morceau Run to Your Mama du groupe rock alternatif suédois Goat, Double Date nous plonge dans deux histoires qui vont rapidement se rejoindre pour ne faire qu’une. La première, c’est celle de Kitty et Lulu, deux sœurs dont l’activité principale est de donner rencard à des hommes et de les buter. Pourquoi font-elles ça ? Elles semblent préparer une sorte de rituel mais on ne sait pas trop dans quel but. Il ne leur manque plus que la pièce maîtresse pour le concrétiser : un puceau. De l’autre côté, nous avons Alex, dragueur invétéré, et Jim, le timide de la bande, bientôt 30 ans, et toujours puceau. Alex se donne jusqu’au jour des 30 ans de Jim pour le dépuceler. Lorsque Kitty et Lulu rentrent dans le bar où Alex et Jim boivent un coup, et qu’elles semblent énormément s’intéresser à Jim, cela semble trop improbable pour être vrai. Et pourtant si, elles le dévorent des yeux et Alex persuade Jim de foncer tête baissée, que c’est du tout cuit. Ni une ni deux, les voilà qu’ils se donnent rencard le lendemain. La soirée de Alex et Jim s’annonce… compliquée. Mais celle de Lulu et Kitty va l’être tout autant lorsque tout un tas d’imprévus vont se mêler à l’histoire.


Sur le papier, il faut avouer que cette histoire à mi-chemin entre American Pie et un slasher de bas-étage n’est pas ce qu’il y a de plus bandant. Sauf qu’il faut faire confiance à nos amis britishs, à leur humour ravageur, et à leur sens de l’absurde. Pour son premier long métrage après quelques courts, Benjamin Barfoot va reprendre le principe de la femme tueuse et vengeresse et s’amuser à le détourner en y rajoutant une couche de comédie romantique complètement décalée et non-sensique. Exercice complètement casse-gueule mais pourtant, dans ce mélange assez improbable, l’équilibre est absolument impeccable, et ce en partie grâce à une écriture très intelligente. On pense immédiatement au cinéma de Edgar Wright (Hot Fuzz, Shaun of the Dead), mais le réalisateur avoue avoir également eu comme influence des films tels que Clerks (1994) de Kevin Smith ou Swingers (1996) de Doug Liman.
La réussite du film est en partie due à son casting. Ils sont tous excellents, avec une mention spéciale pour Dexter Fletcher (Arnaques Crimes et Botanique, Kick-Ass) dans un petit rôle bien barré. Leurs personnages sont volontairement clichés et c’est ce qui permet de développer immédiatement de l’empathie à leur égard. Et quand on sait, selon les dires du scénariste et acteur principal, qu’il y a une grosse part d’impro dans une partie des scènes (certains acteurs viennent de l’impro), c’est encore plus à saluer.


L’humour british fonctionne ici à fond, mélange d’humour absurde et d’humour noir, et Double Date provoque un sacré paquet de fous-rires grâce à des répliques vraiment très funs et des situations parfois surréalistes mais très efficaces (le gâteau d’anniversaire en famille, le concert du groupe Krabs, …). Vous savez, cet humour gênant, à la fois tout en retenue mais pourtant improbable. Cet humour se trouve jusque dans les scènes « horrifiques » de la deuxième moitié du film, comme lors de ce long final complètement improbable, une grosse baston où chaque coup bien violent, agrémenté d’hémoglobine, se retrouve immédiatement désacralisée par une réplique façon punchline pas piquée des vers et du plus bel effet. Le ton léger, fun et débridé du film ne s’arrête jamais, toujours accompagné par une excellente bande son très dynamique et une mise en scène très propre, avec belle photographie, jolies couleurs et effets de lumières, pour des images très léchées.
Le seul vrai reproche qu’on pourrait faire à Double Date, c’est sa prévisibilité. On sent immédiatement qu’un des personnages va virer sa cuti et on devine aisément comment le film va se terminer. Mais qu’importe, ne boudons pas notre plaisir juste parce que « plaisir » est bien le mot qui correspond le mieux au film. Certes, il ne laissera pas une trace impérissable chez les cinéphiles les plus avertis. Mais pour passer un excellent moment, il se pose là.


Double Date est une comédie horrifique anglaise qui vous donne un gros smile. Ce genre de films qu’on ne voit pas venir et qui s’avère être au final un concentré de fun. Ce genre de films à la fois bien écrit, bien interprété, bien mis en scène et sur lequel on se marre comme des baleines. Un bon film ? Oui, c’est exactement ça.


Critique originale : ICI

cherycok
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Créée

le 26 juil. 2019

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