Réalisé en partie par Kim Jee-Woon, à qui on doit le thriller sombre et violent "I Saw thé Devil" (Corée du Sud, 2010), "Doomsday Book" adopte un ton tout à fait différent. Divisé en trois moyens métrages, il présente différentes histoires donnant chacune une vision particulière du thème de la fin du monde.

La premier film, intitulé "Le Meilleur des Mondes" (référence au titre du roman de science-fiction éponyme d’Aldous Huxley ?) raconte l’histoire de Seok-woo, chimiste travaillant au service de l’armée et gardant l’appartement de sa famille durant les vacances. Suite à une erreur de sa part dans le tri des déchets ménagers, les aliments qu’on donne aux vaches se trouvent altérés et la viande produite par celles-ci rend ceux qui la mangent semblables à des zombies. Un journaliste nous apprend – belle formule oxymorique – que les gens « ressuscitent sans présenter aucun signe de vie ». A l’issue de ce drame, qui semble être une critique du système agro-alimentaire industriel et de l’élevage en batteries, Seok-woo et sa dulcinée, zombifiés comme tous les autres, sont présentés symboliquement comme les nouveaux Adam et Eve.

La sœur de Seok-woo, rentrant de vacances et découvrant la ville envahie par les zombies : « On ne peut même plus partir en vacances sans s’inquiéter pour la nation. Une semaine d’absence et tout est en désordre. »

Le second film, "La Créature Divine", est à la fois le moins drôle et le moins intéressant des trois moyens métrages. En effet, les deux autres, s’ils décrivent des situations catastrophiques, n’en sont pas moins emplis d’un humour tantôt noir tantôt absurde. Ce n’est pas le cas de ce chapitre, qui nous parle de In-myung, un robot vivant dans un monastère et considéré comme le nouveau Bouddha. Ayant été diagnostiqué comme défectueux par la société qui l’a produit, il doit être détruit et remplacé mais les moines s’y opposent et tentent de convaincre le héros, un réparateur, de les aider à sauver le robot. La fin du monde prend ici un tout autre sens, c’est, semble-t-il, l’aboutissement d’une quête spirituelle – une quête dont le sens m’a échappé et qui, à mon avis, tire un peu trop en longueur.

Le troisième, "Joyeux Anniversaire", est le plus fantaisiste des trois. La fin du monde se présente cette fois sous la forme d’une météorite mais d’une météorite tout à fait particulière (je ne peux pas en dire plus pour ne pas révéler le fin mot de l’histoire), et la responsable de cette apocalypse n’est autre qu’une petite fille, Min-seo, qui pensait bien faire en rendant service à son père. Réfugiée avec ses parents et son oncle dans un abri de fortune, elle survivra plus de dix ans à la catastrophe, cachée sous la surface. Beaucoup d’humour dans la présentation des événements, notamment lorsque le réalisateur imagine ce à quoi pourrait ressembler le tout dernier journal télévisé avant la fin du monde… Ce chapitre est assurément le plus réussi des trois.
David_L_Epée
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le 17 mai 2014

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