Un film à thèse qui dénonce les travers de notre société, c'est toujours bienvenu, surtout quand il s'agit, par la parabole de la météorite, de parler de notre inaction climatique. Les films des années 1960-70, je pense par exemple à ceux de Lumet, faisaient ça très bien. Mais eux, ils n'avaient pas besoin de faire 2 h 30 et d'avoir de gros effets spéciaux impliquant des plans de vol spatial, un concert à la Beyonce, des plans montrant l'ensemble de la planète suspendue aux médias, etc...
Je suis persuadé que Don't look up aurait pu être encore plus efficace avec une heure en moins. Un film à thèse, ça doit être efflanqué, énervé, ça n'est pas censé être prenant visuellement. Au fond, les créateurs tombent un peu sous le coup des critiques que l'on peut faire au professeur joué par Di Caprio, un temps tenté de jouer le jeu des médias en vendant un discours superficiel et visuel.
Il n'en reste pas moins que le film touche des points importants, même s'il aurait pu plus franchement nommer le capitalisme. Le couple de présentateurs toujours enjoués fait immédiatement penser à bien des personnages réels, à la limite plus caricaturaux. Les oeillères des élites, bloquées dans des discours de technologie miraculeuse ou des portes de sortie pour ultra-VIP, sonnent hélas très vrai. Ce qui m'a le plus parlé, ce sont les parents de la chercheuse, visiblement conservateurs, qui, quand elle revient, lui assènent : "Ta mère et moi nous sommes pour les emplois que la météorite apportera. Pas de politique. Ce pays est déjà assez divisé". Cet aveuglement, qui se prétend apolitique alors qu'il ne supporte aucune discussion, est le coeur du problème à mon avis. C'est, au fonds, la manière dont une trop grande partie de la classe moyenne n'est plus capable de raisonner par elle-même, de voir les problèmes en face.
Je trouve que le film a voulu aller dans un peu trop de directions différentes pour son propre bien. Je l'aurais aimé limite encore plus énervé. On est dans la parodie, j'aurais aimé du vraiment sardonique.
Cela n'aurait pas déparé avec notre époque.
Tant mieux si Don't look up fait date et devient, par raccourci, une parabole sur notre inaction face au changement climatique. J'ai un peu peur que ce ne soit qu'un film qui ne parlera qu'à ceux qui sont déjà éclairés.
Nous verrons bien. Tenons bon.